Aliénor d’Aquitaine : Reine des Deux Royaumes, Icône du Moyen Âge
- Ivy Cousin
- 10 févr.
- 35 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 févr.

Résumé:
Aliénor d’Aquitaine, une Reine d’Exception
Aliénor d’Aquitaine (1122-1204) est l’une des figures les plus fascinantes du Moyen Âge. Héritière du riche duché d’Aquitaine, elle devient reine de France en 1137 par son mariage avec Louis VII. Son éducation raffinée et son tempérament indépendant contrastent avec la rigueur capétienne, et son rôle actif lors de la Deuxième Croisade (1147-1149) scandalise son entourage. Le couple royal, en désaccord profond, voit son mariage annulé en 1152 sous prétexte de consanguinité.
Quelques semaines plus tard, Aliénor épouse Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, et devient reine d’un vaste empire s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées. Ce second mariage lui permet d’exercer un pouvoir bien plus grand, notamment sur l’Aquitaine, où elle favorise l’essor des troubadours et de la culture courtoise. Son influence politique et son mécénat artistique contribuent à façonner l’Europe médiévale.
Mais son ambition et ses prises de position la placent en conflit avec son époux Henri II. En 1173, elle soutient la révolte de ses fils contre lui, ce qui lui vaut 16 ans de captivité. Elle ne retrouve sa liberté qu’en 1189, après la mort d’Henri II, lorsque son fils Richard Cœur de Lion la libère et lui confie un rôle clé dans le gouvernement du royaume. Même à un âge avancé, elle continue d’œuvrer pour assurer la stabilité de la dynastie Plantagenêt, notamment en négociant le mariage de sa petite-fille Blanche de Castille avec le futur Louis VIII.
Elle s’éteint en 1204 à l’abbaye de Fontevraud, où elle repose aux côtés d’Henri II et Richard Cœur de Lion. Son héritage est immense : stratège politique, mécène des arts et femme de pouvoir, elle a défié les normes de son époque et marqué l’histoire des royaumes de France et d’Angleterre.
Imaginez une jeune duchesse de 15 ans, à la tête du plus grand duché de France, que l’histoire va mener au sommet du pouvoir et à la tête de deux royaumes. Tour à tour reine de France puis d’Angleterre, Aliénor d’Aquitaine défie les conventions, brave les champs de bataille et s’impose face aux rois. Femme d’État visionnaire, stratège politique et mécène des arts, elle traverse les croisades, fomente des révoltes et façonne un empire. De la splendeur des palais de Poitiers à l’ombre des cachots d’Henri II, voici l’histoire d’une souveraine d’exception, dont l’influence résonne encore à travers les siècles.
01 . Introduction : Une femme en avance sur son temps
Lorsque Guillaume X, duc d’Aquitaine, rend son dernier souffle en 1137 sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, son duché, l’un des plus vastes et prospères de la chrétienté, revient à sa fille aînée, Aliénor. Âgée d’environ quinze ans, celle-ci devient l’une des héritières les plus convoitées d’Europe. Sa richesse et son influence, bien au-delà du cadre restreint des dames de cour, la placent immédiatement au cœur des stratégies matrimoniales des grandes dynasties. Pour assurer le contrôle de l’Aquitaine et éviter qu’un seigneur rival ne s’en empare, le roi de France, Louis VI, organise précipitamment son union avec son fils aîné, le futur Louis VII. Moins d’un an plus tard, après la mort soudaine de son père, le jeune Louis monte sur le trône et Aliénor est sacrée reine de France à Noël 1137 en la cathédrale de Bourges.
Dès les premières années de son règne, Aliénor se distingue par une personnalité affirmée qui tranche avec la piété austère de son époux. Issue d’une cour où la culture des troubadours et l’art du fin’amor sont à leur apogée, elle apporte à Paris une vision du pouvoir où l’élégance et la diplomatie se mêlent aux jeux d’influence. Cependant, son mariage avec Louis VII s’avère rapidement conflictuel. Son rôle au sein de la Deuxième Croisade (1147-1149) illustre à quel point elle ne se contente pas du rôle de reine effacée. Accompagnant son mari en Terre Sainte, elle scandalise l’entourage royal par son indépendance et son engagement actif aux côtés de son oncle, Raymond de Poitiers, prince d’Antioche. Les tensions croissantes entre les époux, alimentées par leurs différences de caractère et l’absence d’héritier mâle, conduisent à l’annulation de leur mariage en 1152, sous prétexte de consanguinité.
À peine libérée de cette union, Aliénor prend une décision audacieuse qui confirme son statut de femme politique hors norme. En l’espace de quelques semaines, elle épouse Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d’Anjou, un homme de onze ans son cadet promis à un avenir exceptionnel. Deux ans plus tard, celui-ci est couronné roi d’Angleterre sous le nom d’Henri II, faisant d’Aliénor la reine d’un territoire s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées. Reine, mais aussi duchesse et mécène, elle conserve son influence sur l’Aquitaine et en fait un foyer artistique majeur où la littérature courtoise et l’art des troubadours prospèrent. Son mécénat contribue à l’essor de l’amour courtois, un idéal qui marquera profondément la culture chevaleresque des XIIᵉ et XIIIᵉ siècles.
Toutefois, la seconde partie de sa vie est marquée par les luttes de pouvoir et les drames familiaux. En 1173, confrontée à un époux autoritaire qui restreint progressivement son autonomie politique, Aliénor soutient la révolte de ses fils contre Henri II. Ce soulèvement, mené par Henri le Jeune, Richard Cœur de Lion et Geoffroy de Bretagne, menace l’unité du royaume Plantagenêt. Mais l’insurrection échoue et Henri II, refusant d’admettre la trahison de son épouse, la fait emprisonner. Pendant seize années, Aliénor demeure captive, d’abord à Chinon, puis dans diverses résidences royales, notamment à Salisbury. Durant cette période, elle est privée de tout pouvoir et voit son influence politique réduite à néant. Ce n’est qu’à la mort d’Henri II, en 1189, que son fils Richard, devenu roi, la libère et lui rend son statut de reine-mère.
Loin de se retirer de la scène politique, Aliénor reprend alors un rôle actif dans le gouvernement du royaume. Pendant l’absence de Richard, parti en croisade, elle assure la régence et administre les affaires du royaume avec une autorité indiscutable. Lorsqu’il est capturé en 1192 par l’empereur Henri VI du Saint-Empire, elle organise une levée de fonds colossale pour payer sa rançon et négocie directement sa libération. Jusqu’à la fin de sa vie, elle veille à la consolidation du pouvoir de la dynastie Plantagenêt, arrangeant notamment le mariage de sa petite-fille Blanche de Castille avec le futur Louis VIII, assurant ainsi une alliance stratégique entre l’Angleterre et la France.
Aliénor d’Aquitaine s’éteint en 1204 à l’abbaye de Fontevraud, où elle est inhumée aux côtés d’Henri II et de Richard Cœur de Lion. Elle laisse derrière elle l’image d’une souveraine d’exception, à la fois stratège politique, protectrice des arts et figure incontournable des relations diplomatiques entre la France et l’Angleterre. À une époque où le pouvoir était l’apanage des hommes, elle a su imposer son autorité et façonner l’histoire des deux plus grands royaumes d’Occident.
Le saviez-vous ? Aliénor a passé seize ans en captivité sur ordre de son propre mari, Henri II, un des emprisonnements les plus longs imposés à une reine médiévale. Privée de toute influence, elle ne retrouva son pouvoir qu’à la mort du roi en 1189, lorsque son fils Richard la libéra.

02 . Aliénor et la cour d’Aquitaine : une enfance au cœur d’un duché fastueux
L’enfance d’Aliénor d’Aquitaine se déroule dans l’un des plus vastes et puissants duchés d’Europe, un territoire s’étendant de la Loire aux Pyrénées, où l’influence capétienne est encore distante et où la culture occitane rayonne avec éclat. Héritière de l’Aquitaine après la mort de son père, Guillaume X, en 1137, elle grandit au sein d’une cour raffinée, où se mêlent traditions aristocratiques, enseignements humanistes et arts chevaleresques. Contrairement aux princesses élevées dans les cercles plus austères du nord de la France, elle reçoit une éducation exceptionnelle, digne des plus grands monarques. Son instruction ne se limite pas aux usages de la cour : on lui enseigne le latin, la rhétorique et la poésie, afin qu’elle puisse gouverner avec sagesse et intelligence.
Les clercs et précepteurs qui l’entourent veillent à lui transmettre un savoir qui dépasse la simple connaissance des textes religieux. Dans une région où les abbayes de Saint-Hilaire de Poitiers et de Fontevraud jouent un rôle central dans la production intellectuelle, Aliénor bénéficie d’un accès privilégié aux manuscrits enluminés et aux œuvres des penseurs du XIIe siècle. « Elle savait lire et comprendre la langue latine avec une facilité remarquable », note un chroniqueur du XIIIe siècle, soulignant la singularité d’une femme appelée à exercer un pouvoir autonome. Son éducation ne se limite pas aux lettres : la musique, la danse et la composition poétique font partie intégrante de la formation des jeunes nobles de l’Aquitaine. Les troubadours qui fréquentent la cour ducale lui inculquent les subtilités du fin’amor, cette éthique amoureuse qui exalte la courtoisie et la quête d’un idéal chevaleresque.
La cour d’Aquitaine, sous l’influence de son grand-père, Guillaume IX, premier troubadour connu, est un foyer où la poésie et la musique atteignent un raffinement inégalé. « Guillaume, duc d’Aquitaine, surpassait en gaieté et en joyeuseté tous les hommes de son temps », rapporte l’historien Orderic Vital, témoignant du climat artistique dans lequel évolue la jeune Aliénor. À Poitiers, les salles du palais résonnent des vers des poètes occitans, tandis que les jongleurs et ménestrels animent les festins organisés dans la grande salle du palais ducal. À Bordeaux, autre centre culturel majeur du duché, la cathédrale Saint-André, où Aliénor sera mariée à Louis VII en juillet 1137, symbolise le rayonnement de l’architecture et de l’art aquitain, mêlant influences romanes et premières formes gothiques.
Les valeurs du sud imprègnent profondément l’éducation d’Aliénor. Elle grandit dans un monde où la noblesse féminine ne se cantonne pas aux rôles secondaires, mais participe activement aux affaires du duché. Son arrière-grand-mère, Philippa de Toulouse, et sa grand-mère, Dangereuse de L’Isle-Bouchard, ont exercé un ascendant certain sur la cour et sur les destinées de la dynastie. Cette tradition de gouvernance féminine prépare Aliénor à affirmer son autorité et à défendre son héritage face aux prétentions des puissances extérieures. À une époque où le mariage est un outil de consolidation politique, son avenir est déjà l’objet de tractations. Son père, Guillaume X, conscient de l’importance stratégique de son duché, refuse de le voir absorbé par la maison capétienne sans garantir l’autonomie de sa fille.
Le 9 avril 1137, alors qu’il se rend en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, Guillaume X s’éteint à Saint-Jacques, laissant Aliénor orpheline mais héritière d’un des plus grands fiefs de France. La mort du duc bouleverse les équilibres politiques. Avant de rendre son dernier souffle, il confie sa fille et son duché au roi de France, Louis VI, qui décide immédiatement de la marier à son fils aîné, le futur Louis VII. En quelques mois, la jeune duchesse quitte la cour joyeuse et fastueuse de Poitiers pour rejoindre la plus austère et rigide cour capétienne. Ce mariage, bien que motivé par des intérêts politiques, marque une rupture brutale avec l’univers culturel qui a façonné son enfance.
Le palais des ducs d’Aquitaine, aujourd’hui intégré à l’Hôtel de Ville de Poitiers, témoigne encore de cette splendeur passée. Son immense salle des Pas Perdus, construite au XIIe siècle, était l’un des lieux majeurs de la cour d’Aliénor. Les fresques, les colonnes sculptées et les vestiges du palais médiéval rappellent le raffinement et l’opulence qui caractérisaient cette résidence princière. C’est dans cet environnement que la future reine de France a été initiée aux subtilités de la politique, de la diplomatie et de l’art de régner.
L’éducation d’Aliénor et l’environnement culturel dans lequel elle a grandi expliquent en grande partie son influence future. Son goût pour l’art, son indépendance d’esprit et son sens aigu de la gouvernance sont le fruit de cette jeunesse baignée dans les traditions aristocratiques aquitaines. Héritière d’une lignée de souverains puissants et cultivés, elle emportera avec elle cet héritage lorsqu’elle deviendra reine d’Angleterre, jouant un rôle central dans l’essor de la cour Plantagenêt et la diffusion des idéaux chevaleresques à travers l’Europe.

03 . Aliénor, Reine de France (1137-1152) : un mariage sous tension
Lorsque Louis VII épouse Aliénor d’Aquitaine en juillet 1137, il n’est encore qu’un jeune roi à peine monté sur le trône, et elle, une duchesse héritière du plus vaste domaine féodal du royaume. Ce mariage, arrangé par son père Louis VI avant sa mort, scelle l’union du puissant duché d’Aquitaine au domaine royal capétien. Mais derrière cette alliance politique se cache un déséquilibre profond entre deux tempéraments opposés, qui précipitera l’échec de leur union. D’un côté, Aliénor, élevée dans l’effervescence culturelle et courtoise du sud de la France, incarne l’idéal d’une femme cultivée, influente et libre de ses décisions. De l’autre, Louis VII, roi pieux et austère, élevé dans l’ombre de Suger et sous l’influence des principes ecclésiastiques, peine à comprendre et encore moins à maîtriser cette épouse qui, très vite, s’impose comme une figure incontournable de la cour.
Le mariage n’est pas seulement une union entre deux individus, mais aussi une lutte de pouvoir entre l’Église et la noblesse féodale. Aliénor, dont la lignée a toujours favorisé une relative indépendance des grands vassaux face au pouvoir royal, se heurte à un époux influencé par l’idéal capétien d’une monarchie contrôlant ses grands fiefs. Loin d’être une reine docile, elle participe activement aux affaires du royaume, soutient les arts et la culture courtoise, et défie le rôle traditionnel dévolu aux reines de France. Cette indépendance ne tarde pas à irriter la cour capétienne, qui voit en elle une femme trop ambitieuse et peu encline à l’humilité attendue d’une souveraine.
Le tournant de leur relation survient avec la Deuxième Croisade, prêchée par Bernard de Clairvaux et entreprise en 1147. Louis VII, animé par une ferveur religieuse et un désir d’expiation pour l’incendie de Vitry-en-Perthois, se lance dans l’expédition avec la conviction d’accomplir son devoir chrétien. Aliénor, refusant de rester en retrait, l’accompagne en Terre sainte avec un important contingent de vassaux aquitains, une décision qui suscite déjà des critiques. Le voyage se révèle éprouvant, marqué par des tensions grandissantes entre les croisés et l’empire byzantin, mais aussi par des difficultés logistiques et stratégiques. Aliénor, fidèle aux valeurs chevaleresques de son duché, se distingue par une audace qui choque les chroniqueurs contemporains. Selon Guillaume de Tyr, elle et ses dames d’honneur, loin de se contenter du rôle passif des épouses de chevaliers, adoptent des tenues semblables à celles des Amazones, prenant part aux chevauchées et s’attirant ainsi les foudres des moralistes de l’époque.
Les tensions atteignent leur paroxysme à Antioche en 1148. Aliénor y retrouve son oncle Raymond de Poitiers, prince de la ville, qui voit en elle une alliée précieuse pour défendre ses intérêts face aux menaces musulmanes. L’accueil fastueux qu’il lui réserve contraste avec la rigidité du roi Louis, et la proximité entre l’oncle et la nièce fait rapidement naître des rumeurs, relayées par les chroniqueurs comme Jean de Salisbury et Raoul de Diceto. Aliénor, séduite par les propositions stratégiques de Raymond, souhaite que les croisés portent leurs efforts sur la principauté d’Antioche. Mais Louis, fidèle à son projet initial, refuse toute digression et insiste pour poursuivre le pèlerinage vers Jérusalem. Le conflit est ouvert : Aliénor refuse de le suivre, arguant que leur mariage, contracté malgré un lien de consanguinité au quatrième degré, pourrait être déclaré nul. Furieux, le roi l’oblige à quitter précipitamment Antioche et l’emmène de force jusqu’à Jérusalem.
Si la croisade elle-même s’achève par un échec militaire, l’épisode révèle au grand jour l’incompatibilité profonde entre les époux. De retour en France en 1149, Aliénor et Louis vivent désormais dans une indifférence mutuelle. L’absence d’héritier mâle renforce la nécessité d’une séparation, encouragée par les conseillers du roi et les grands ecclésiastiques du royaume. Après plusieurs mois de négociations, le concile de Beaugency prononce en mars 1152 l’annulation du mariage pour cause de consanguinité. Cette justification religieuse masque à peine les véritables raisons de la rupture : la mésentente politique et personnelle, l’incompatibilité des caractères et l’ambition d’Aliénor, qui refuse de se soumettre à un mari qu’elle juge faible et influencé par l’Église.
À peine libérée, Aliénor prend une décision qui marque l’histoire : quelques semaines plus tard, elle épouse Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Ce mariage transforme la carte politique de l’Europe et fait basculer l’Aquitaine dans le giron anglais, une perte irrémédiable pour la couronne capétienne. En moins d’un an, l’ancienne reine de France devient l’épouse du plus redoutable adversaire de Louis VII, précipitant une rivalité qui dominera les relations franco-anglaises pendant plus d’un siècle.
Si l’histoire a longtemps retenu Louis VII comme un roi effacé et Aliénor comme une femme trop ambitieuse, les faits montrent surtout que ce mariage était voué à l’échec dès ses débuts. Entre un roi façonné par la piété et la soumission aux idéaux capétiens, et une duchesse d’Aquitaine forgée par l’esprit de liberté et les traditions chevaleresques du Midi, il n’y avait pas d’entente possible. L’annulation du mariage, loin d’être un simple événement conjugal, scelle une fracture politique dont les conséquences résonneront bien au-delà du XIIe siècle.

04 . Aliénor, Reine d’Angleterre (1154-1189) : le véritable pouvoir commence
Lorsque Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt en 1152, elle ne se contente pas de conclure une alliance matrimoniale ; elle pose les fondements d’un empire qui dominera l’Occident médiéval. Deux ans plus tard, le couple est couronné roi et reine d’Angleterre, unissant sous leur autorité un vaste ensemble de territoires allant des confins de l’Écosse jusqu’aux Pyrénées. Ce mariage, qui marque la naissance de la dynastie des Plantagenêt, change radicalement la position d’Aliénor : d’ancienne reine de France cantonnée dans un rôle limité sous Louis VII, elle devient une souveraine active et influente au sein du gouvernement de son nouvel époux.
Aliénor ne se contente pas d’être une épouse royale, elle est une administratrice avisée et une stratège politique redoutable. Son pouvoir s’exerce principalement sur l’Aquitaine, son héritage paternel, dont elle conserve la gestion et où elle impose une administration forte. Depuis sa cour de Poitiers, elle gouverne avec une autonomie rare pour une reine consort, octroyant des chartes, favorisant le commerce et encadrant l’autorité des vassaux locaux. En 1168, alors qu’Henri est accaparé par ses affaires en Angleterre et en Normandie, elle se réinstalle en Aquitaine et y gouverne en son nom propre, entourée de conseillers fidèles et de troubadours qui contribuent à faire rayonner la culture courtoise à travers l’Europe.
Cependant, la relation entre Aliénor et Henri II se détériore progressivement. Le roi, soucieux de centraliser son autorité, tolère de moins en moins l’indépendance dont jouit son épouse en Aquitaine. Leur rivalité devient plus manifeste à mesure que leurs fils grandissent et revendiquent leur part d’héritage. Henri II refuse de déléguer des pouvoirs effectifs à ses enfants, alimentant frustrations et tensions. En 1173, le conflit éclate en une vaste révolte menée par leurs fils, Henri le Jeune, Richard Cœur de Lion et Geoffroy de Bretagne, qui s’appuient sur les revendications de leur mère. Aliénor, perçue par les chroniqueurs comme l’instigatrice de cette fronde, joue un rôle crucial dans l’orchestration du soulèvement, cherchant à garantir un avenir politique à ses fils face à l’autoritarisme grandissant d’Henri II.
L’insurrection, qui s’étend de la Normandie jusqu’à l’Anjou, est rapidement réprimée par Henri II. Aliénor, tentant de fuir vers Poitiers, est capturée avant d’atteindre la sécurité de ses terres. Loin de la disgrâce habituelle infligée aux nobles rebelles, elle est traitée avec un mélange de sévérité et de respect : enfermée sous bonne garde, elle est transférée en Angleterre et placée en résidence surveillée, d’abord au château de Chinon, puis à Salisbury et diverses forteresses du royaume. Cette captivité, qui durera seize ans, ne signifie pas pour autant la fin de son influence. Bien qu’isolée, elle conserve des soutiens et sa réputation demeure intacte auprès de la noblesse aquitaine et de ses fils.
À partir de 1183, la donne change : la mort de son fils aîné, Henri le Jeune, bouleverse la succession. Richard Cœur de Lion devient l’héritier principal du trône, et Aliénor, malgré sa captivité, s’impose comme une médiatrice incontournable entre lui et son père. Progressivement, Henri II assouplit son contrôle sur elle, lui permettant des déplacements limités et une certaine correspondance. Ce n’est toutefois qu’en 1189, à la mort d’Henri II, qu’elle recouvre sa pleine liberté. Dès lors, elle réapparaît au premier plan du pouvoir, jouant un rôle décisif dans la consolidation du règne de Richard.
Le château de Chinon, où elle fut initialement détenue, devient un symbole fort de cette période trouble. Selon plusieurs chroniqueurs, c’est là qu’elle aurait conspiré avec ses fils pour affaiblir Henri II. Ce lieu, qui servira plus tard d’épicentre aux luttes franco-anglaises, incarne l’un des moments les plus marquants de l’affrontement entre Aliénor et son époux.
En dépit de son emprisonnement prolongé, Aliénor d’Aquitaine n’a jamais cessé d’être une figure politique centrale. Son engagement pour l’indépendance de l’Aquitaine, son rôle dans la transmission du pouvoir à ses fils et sa capacité à naviguer dans les intrigues dynastiques font d’elle l’une des souveraines les plus influentes du Moyen Âge occidental.

05 . L’héritage d’Aliénor : mécène, stratège et mère de rois
Aliénor d’Aquitaine s’est imposée comme une figure incontournable du XIIe siècle, à la croisée des mondes franc, anglo-normand et poitevin. À travers son rôle de mécène, de stratège politique et de mère de souverains, elle a façonné une part significative de l’histoire européenne. Son influence s’étend bien au-delà de son époque, tissant un héritage qui perdure dans les arts, la chevalerie et l’affirmation du pouvoir Plantagenêt. Son testament politique, soigneusement construit jusqu’à sa mort à 82 ans, témoigne de sa volonté de défendre sa lignée et d’assurer la postérité de sa dynastie. À Fontevraud, où elle repose aux côtés d’Henri II et de Richard Cœur de Lion, elle continue de symboliser la grandeur et l’ambition des Plantagenêt.
Née dans une cour raffinée et imprégnée des traditions troubadouresques, Aliénor n’a cessé, tout au long de sa vie, de promouvoir les arts et la culture. Son mécénat, exercé d’abord en Aquitaine puis à la cour d’Angleterre, a favorisé l’essor de la poésie courtoise et de la littérature arthurienne. Son soutien aux troubadours et aux trouvères a permis de diffuser un modèle de société fondé sur la courtoisie et l’exaltation de l’amour chevaleresque, qui marquera durablement l’imaginaire médiéval. Chrétien de Troyes lui-même aurait bénéficié de l’influence de son entourage, composant sous le patronage de sa fille Marie de Champagne Lancelot ou le Chevalier de la Charrette, où se mêlent idéal courtois et valeurs de la chevalerie. La cour Plantagenêt, sous son impulsion, devient un centre intellectuel de premier plan, où se croisent lettrés, artistes et penseurs.
Si son rôle de mécène est indéniable, Aliénor est avant tout une stratège dont l’action politique a profondément marqué l’histoire de l’Occident médiéval. En mariant Henri II Plantagenêt après l’annulation de son union avec Louis VII, elle contribue à la formation de l’Empire Plantagenêt, un ensemble territorial d’une ampleur inédite s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées. Son intelligence politique s’illustre particulièrement dans sa gestion de l’Aquitaine, qu’elle conserve sous son autorité et administre avec une fermeté qui lui vaut le respect de ses vassaux. Même après son emprisonnement ordonné par Henri II en 1173, son influence ne faiblit pas. À la mort de son mari, elle reprend les rênes du pouvoir et assure la stabilité du royaume en soutenant l’accession de son fils Richard Cœur de Lion au trône. Elle joue un rôle clé dans la gestion des affaires du royaume durant les longues absences de Richard, notamment lorsqu’il est retenu captif en Allemagne après la troisième croisade.
Son testament politique s’écrit jusqu’à ses derniers jours. Malgré son âge avancé, elle entreprend en 1200 un ultime voyage en Castille pour négocier le mariage de sa petite-fille Blanche avec le futur Louis VIII, consolidant ainsi l’alliance entre les Capétiens et les Plantagenêt. Son dernier acte public témoigne de sa lucidité et de son engagement indéfectible envers sa dynastie. Retirée à l’abbaye de Fontevraud, elle veille à la perpétuation de la mémoire familiale et à la pérennité du prestige de la lignée Plantagenêt. Sa mort, survenue en 1204, marque la fin d’une ère, mais son influence perdure dans la politique européenne et dans l’édification du mythe Plantagenêt.
Son choix d’être inhumée à Fontevraud ne relève pas seulement d’une décision spirituelle, mais aussi d’une affirmation de pouvoir. Ce monastère, qu’elle a favorisé tout au long de sa vie, devient la nécropole de sa famille, un sanctuaire où repose l’histoire de la dynastie. Les gisants sculptés qui ornent son tombeau et ceux de ses proches ne sont pas de simples sépultures : ils incarnent la volonté de faire de Fontevraud un lieu de mémoire royale, où se cristallise l’image d’une souveraine puissante, intellectuelle et visionnaire. Le choix de cette abbaye, dirigée par des abbesses issues de la haute aristocratie, renforce également le message d’une femme qui, toute sa vie, a su imposer son autorité dans un monde dominé par les hommes.
À travers son mécénat, sa stratégie politique et son testament dynastique, Aliénor d’Aquitaine a façonné un héritage qui transcende son époque. Elle demeure une figure emblématique du Moyen Âge, une femme de pouvoir dont l’influence a perduré bien au-delà de sa mort, inscrivant à jamais son nom dans l’histoire des grandes souveraines européennes.


6. Conclusion : Une femme qui a défié son époque
Aliénor d’Aquitaine fut bien plus qu’une reine : elle fut une bâtisseuse de dynastie, une stratège hors pair et une figure clé du pouvoir médiéval. Éduquée dans le raffinement de la cour d’Aquitaine, elle façonna son époque par son indépendance et son intelligence politique, défiant les conventions d’un monde dominé par les hommes. Tour à tour reine de France et d’Angleterre, mécène des arts, inspiratrice de l’amour courtois et actrice des grands jeux diplomatiques de son temps, elle laissa une empreinte indélébile sur l’histoire des Plantagenêt et des Capétiens. Même après seize années d’emprisonnement, elle retrouva son influence, prouvant qu’aucune entrave ne pouvait éteindre sa détermination.
Son destin hors norme, marqué par la grandeur et l’adversité, en fait l’une des figures les plus fascinantes du Moyen Âge. De Poitiers à Fontevraud, de Paris à Winchester, son nom résonne encore dans les palais et les abbayes qu’elle a marqués de son empreinte. Femme de lettres et de pouvoir, Aliénor d’Aquitaine incarne la force, l’ambition et l’intelligence d’une époque où les reines devaient se contenter de l’ombre des rois.
📌 Essence de son parcours
"À une époque où le pouvoir était l’apanage des hommes, Aliénor d’Aquitaine a imposé son autorité, modelé l’histoire des deux plus grandes nations d’Occident et laissé un héritage inestimable."
💡 Pour aller plus loin
📖 Lecture recommandée : Aliénor d'Aquitaine de Régine Pernoud.
🎥 Film inspiré : Le Lion en hiver (1968), où Aliénor est incarnée par Katharine Hepburn.
07 . Iconographie

Ce portrait, intitulé Queen Eleanor, réalisé par Frederick Sandys en 1858, représente Aliénor sous un jour romantique et idéalisé, inspiré par les valeurs de la courtoisie médiévale. Drapée dans un manteau richement décoré et tenant un calice, symbole d'autorité et de noblesse, elle incarne la figure d'une reine cultivée et influente, à la croisée de la politique et des arts. Son regard pensif et son port altier reflètent son rôle central dans les dynasties française et anglaise.
Annotations
Le calice doré – Symbole de royauté, de pouvoir et de communion, il évoque son rôle dans la consolidation des royaumes Plantagenêt et Capétien.
La cape brodée – Les motifs complexes et les couleurs vives rappellent les traditions d'apparat de l'Aquitaine, duché qu'elle a gouverné avec fermeté et raffinement.
Chevelure libre – Traditionnellement associée à la liberté et à la féminité, son port reflète son indépendance d'esprit.
Expression pensive – Une allusion à son rôle dans les intrigues politiques et sa résilience face aux défis de son époque.

Cette enluminure tirée d’un manuscrit médiéval représente Aliénor d’Aquitaine sous une forme stylisée, caractéristique des représentations de l’époque. Son portrait en buste, accompagné de son titre (Aliénor Comtesse), inscrit son statut au sein de la haute noblesse européenne. Cette iconographie illustre l'importance historique de cette figure féminine dans les dynasties royale et ducale de son temps.
Annotations :
Titre inscrit au-dessus de la miniature – "Aliénor Comtesse" souligne son rang et son rôle en tant que femme de pouvoir au Moyen Âge.
Traits stylisés – Reflétant l’art médiéval, les représentations ne cherchent pas à être réalistes mais symbolisent les valeurs et le prestige.
Cercle entourant le visage – Une convention graphique pour mettre en avant les membres de la noblesse dans les manuscrits.
Cheveux bouclés – Fréquemment associés à la féminité et à la noblesse dans l’imaginaire médiéval.

Salle des Pas Perdus, Palais des ducs d'Aquitaine, Poitiers. Cette vaste salle gothique, aujourd'hui intégrée au Palais de Justice de Poitiers, fut autrefois le cœur du pouvoir du duché d'Aquitaine. C'est dans ce lieu chargé d'histoire qu'Aliénor d'Aquitaine, héritière du duché, a grandi et forgé son identité de femme politique et mécène. Les arcs élancés et la structure en bois reflètent l'architecture caractéristique de l'époque médiévale.
Annotations :
La toiture en bois – Cette charpente apparente témoigne des techniques de construction médiévales et de leur durabilité.
Les arcs en plein cintre – Illustrant la transition entre l'architecture romane et gothique, ces arcs rappellent le riche patrimoine artistique de l’Aquitaine.
Les grandes fenêtres gothiques – Conçues pour inonder la salle de lumière naturelle, elles incarnent l'influence grandissante du style gothique dans l’Aquitaine du XIIe siècle.
L'espace central monumental – Symbole du prestige du duché d’Aquitaine, cette salle servait de lieu de rassemblement et de justice, où Aliénor a sans doute observé les rouages du pouvoir.

Cette enluminure médiévale illustre le moment solennel du couronnement du roi Louis VII et de la reine Aliénor. Symbolisant l'union des couronnes de France et d'Aquitaine, cette cérémonie a marqué une étape cruciale dans l'histoire politique et dynastique du XIIe siècle. Aliénor, en tant que duchesse d'Aquitaine, apporte non seulement son duché au royaume de France mais également une influence culturelle majeure.
Annotations :
Les couronnes portées par les souverains – Marques visibles de leur statut royal, elles soulignent l’importance de cette union pour le royaume.
La gestuelle de prière – Représentant l’aspect sacré du couronnement, elle rappelle l’alliance entre pouvoir terrestre et divin, essentielle à la légitimité royale au Moyen Âge.
Le Christ en croix – Placé en arrière-plan, il incarne la protection divine sur le couple royal et leur devoir envers l’Église.
L’enfant ou relique portée par le clerc – Éventuellement une représentation de l'héritage ou d'une consécration symbolique des rôles royaux.

Aliénor d’Aquitaine et Louis VII lors de la Deuxième Croisade (1147-1149). Cette illustration, réalisée dans un style romantique du XIXe siècle, montre Aliénor en compagnie de son époux, le roi Louis VII, alors qu’ils se préparent à partir pour la croisade. Aliénor, agenouillée dans une posture de prière ou de dévotion, symbolise son rôle controversé et actif dans cet épisode historique. La scène, riche en détails, reflète l’importance des croisades dans la vie politique et religieuse du Moyen Âge.
Annotations :
Aliénor agenouillée – Sa posture exprime une dévotion religieuse, mais aussi son rôle de reine croisée, un statut rare pour une femme à l’époque.
Louis VII debout avec un parchemin – Représenté dans une position d'autorité, il tient un document officiel, probablement une charte ou une proclamation de croisade.
Évêques et clergé à gauche – Ils incarnent le soutien spirituel et légitimatif de l’Église pour l’entreprise des croisades.
Chevaliers à droite – Armés et portant des bannières héraldiques, ils symbolisent la dimension militaire et chevaleresque des croisades.
Détails vestimentaires – Les broderies riches et les tissus somptueux des personnages principaux reflètent leur rang élevé et l’importance de la scène.

Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt. Cette miniature issue des Grandes Chroniques de France (vers 1332-1350) représente le couple royal qui a marqué l’histoire de l’Angleterre et de l’Aquitaine. Henri II et Aliénor sont figurés côte à côte, couronnés, dans des postures qui évoquent leur rôle politique complémentaire, bien que souvent tumultueux. Ce mariage a fondé la dynastie des Plantagenêt, une des plus influentes d’Europe.
Annotations :
Couronnes royales – Symboles de souveraineté, elles reflètent l'autorité conjointe des deux époux sur leurs domaines respectifs : l’Angleterre pour Henri et l’Aquitaine pour Aliénor.
Gestes des personnages – Henri semble indiquer ou donner un ordre, soulignant son autorité active, tandis qu’Aliénor adopte une posture de dialogue, évoquant son rôle de conseillère et d’actrice politique.
Vêtements richement drapés – Les longs drapés des manteaux illustrent le statut élevé du couple et l’esthétique typique des enluminures médiévales.
Fond à motifs bleus – Le fond ornementé est une convention symbolique des manuscrits médiévaux, souvent utilisé pour conférer une aura de prestige à la scène.
Cette illustration souligne l’importance politique de l’union entre Henri II et Aliénor, qui permit de consolider un vaste territoire allant des îles Britanniques jusqu’au sud-ouest de la France. Leur mariage reste une alliance stratégique clé de l’histoire européenne médiévale.

Forteresse de Chinon, Touraine. Situé sur un éperon rocheux surplombant la Vienne, le château de Chinon fut un lieu stratégique et historique de la dynastie des Plantagenêt. C’est dans ce château qu’Aliénor d’Aquitaine et ses fils, notamment Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, auraient conspiré contre Henri II Plantagenêt, dans le cadre de la révolte de 1173-1174. Ce site incarne à la fois le pouvoir, l’intrigue politique et l’héritage médiéval de la région.
Annotations :
Les fortifications imposantes – Elles témoignent de l’importance militaire et défensive du château à l’époque médiévale.
La tour maîtresse – Partie essentielle de la structure, elle servait à la fois de résidence seigneuriale et de symbole de pouvoir.
Vue panoramique sur la Vienne – Un emplacement stratégique offrant une vision étendue, essentiel pour la surveillance et la défense.
Le rôle dans la révolte des fils Plantagenêt – Ce lieu est associé aux tensions dynastiques et aux alliances politiques d’Aliénor contre son mari, Henri II.
Le château de Chinon reste encore aujourd’hui un monument emblématique de l’histoire médiévale, lié à l’influence d’Aliénor d’Aquitaine et à l’ère tumultueuse des Plantagenêt.

Tombeau d'Aliénor d’Aquitaine, Abbaye de Fontevraud. Ce gisant en pierre polychrome représente Aliénor d’Aquitaine, vêtue de riches habits médiévaux, tenant un livre ouvert, symbole de son érudition et de son rôle de mécène des arts et des lettres. Située à l’Abbaye royale de Fontevraud, sa sépulture repose aux côtés de son époux Henri II Plantagenêt et de son fils Richard Cœur de Lion, réunissant ainsi trois figures majeures de l’histoire européenne.
Annotations :
Le livre dans les mains d’Aliénor – Symbole de son amour pour la littérature et son soutien au mouvement des troubadours et à la culture occitane.
Les détails vestimentaires – La finesse des drapés et la polychromie témoignent du statut d’Aliénor et du soin apporté à sa mémoire.
L’attitude sereine du gisant – Évoque la paix retrouvée dans la mort, après une vie marquée par les intrigues politiques et dynastiques.
L'abbaye de Fontevraud – Fondée au XIIe siècle, ce lieu fut choisi par Aliénor comme un espace sacré pour sa sépulture et celle de sa famille.
Proximité avec Henri II et Richard Cœur de Lion – Rappelle son rôle central dans la dynastie des Plantagenêt et son héritage durable.

Jaufré Rudel, troubadour occitan, représenté dans une enluminure médiévale. Cette image, tirée d’un manuscrit, illustre le célèbre troubadour Jaufré Rudel, figure emblématique du mouvement des troubadours soutenu par Aliénor d’Aquitaine. En tant que mécène, Aliénor a encouragé ces poètes-chanteurs qui ont révolutionné la littérature médiévale avec leurs thèmes de l’amour courtois et de l’idéal chevaleresque.
Annotations :
Le cheval et l’équipement – Symbolisent le statut noble de Jaufré Rudel, évoquant l’idée du chevalier-poète parcourant le monde pour chanter l’amour courtois.
L’ornementation dorée en arrière-plan – Rappelle le prestige associé à la cour d’Aliénor, où les troubadours étaient tenus en haute estime.
La tenue richement colorée – Rouge et bleu, couleurs associées à la noblesse et au pouvoir, reflètent le rang élevé des troubadours dans la hiérarchie culturelle.
Le lien avec Aliénor – Jaufré Rudel, comme de nombreux troubadours, trouve dans la cour d’Aquitaine un espace propice à la création artistique et à la diffusion de l’amour courtois, concept révolutionnaire du XIIe siècle.
Cette enluminure met en lumière le rôle d’Aliénor comme promotrice d’un renouveau culturel, qui a marqué durablement la poésie et la littérature européennes.

Arbre généalogique des Plantagenêt, représentant la descendance d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt. Cette enluminure médiévale met en lumière les héritiers du couple, parmi lesquels Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, qui ont joué des rôles cruciaux dans l’histoire européenne. Aliénor, à travers sa descendance, a assuré la pérennité de la dynastie des Plantagenêt, dont l’influence s’est étendue bien au-delà de leur époque.
Annotations:
Henri II au sommet de l’arbre – Couronné et armé, il représente la figure centrale de la dynastie, posant les bases du pouvoir Plantagenêt.
Aliénor et ses enfants – Les portraits en médaillons montrent chacun des descendants, mettant en avant leur importance dynastique et politique.
Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre – Parmi les figures les plus emblématiques, ces fils d’Aliénor ont marqué l’histoire par leurs règnes contrastés et leur impact sur l’Angleterre et l’Europe.
Structure colorée de l’arbre – Les arcs reliant les figures illustrent la filiation et l’héritage dynastique, soulignant la continuité du pouvoir.
Style médiéval des figures – Les visages idéalisés reflètent l’imaginaire de l’époque, où les membres de la famille royale étaient souvent représentés avec des traits nobles et intemporels.
Cet arbre généalogique illustre le rôle d’Aliénor non seulement comme reine, mais comme stratège dynastique, dont l’héritage a façonné l’histoire politique de l’Europe médiévale.
08 . Bibliographie
Bibliographie APA complète – Aliénor d’Aquitaine
Sources primaires
Giraud de Barri. (1195-1217). De Principis Instructione. Édition par G. F. Warner. Londres : Rolls Series, 1891.
Guillaume de Newburgh. (1884). Historia rerum Anglicarum. In Chronicles of the Reigns of Stephen, Henry II, and Richard I, éd. R. Howlett. Londres : Rolls Series.
Layamon. (1963). Brut. Édition par G. L. Brook & R. F. Leslie. Londres : Oxford University Press.
Matthieu Paris. (1880). Chronica Majora. Édition par H. R. Luard. Londres : Rolls Series.
Roger de Hoveden. (1867). Gesta Henrici Secundi. Édition par W. Stubbs. Londres : Rolls Series.
Roger de Hoveden. (1869). Chronica. Édition par W. Stubbs. Londres : Rolls Series.
Ouvrages et articles académiques
Aurell, M. (2003). L'Empire des Plantagenêt (1154-1224). Paris : Perrin.
Aurell, M. (2016). L’art comme propagande royale ? Henri II d’Angleterre, Aliénor d’Aquitaine et leurs enfants (1154-1204). HAL-SHS. Disponible en ligne.
Aurell, M. (2020). Aliénor d’Aquitaine et le pouvoir des femmes. Paris : Tallandier.
Bienvenu, J.-M. (1994). Henri II Plantagenêt et Fontevraud. Cahiers de civilisation médiévale, 37, 31-47.
Bowie, C. (2014). The Daughters of Henry II and Eleanor of Aquitaine. Turnhout : Brepols.
Duby, G. (1978). Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme. Paris : Gallimard.
Flori, J. (2004). Aliénor d’Aquitaine : la reine insoumise. Paris : Payot.
Gillingham, J. (2000). Richard I. New Haven : Yale University Press.
Hallam, E. M. (2001). Capetian France 987-1328. Londres : Longman.
Haskins, C. H. (1912). The Renaissance of the Twelfth Century. Cambridge : Harvard University Press.
Kelly, A. (1950). Eleanor of Aquitaine and the Four Kings. Cambridge, MA : Harvard University Press.
Lejeune, R. (1958). Rôle littéraire de la famille d'Aliénor d'Aquitaine. Cahiers de civilisation médiévale, 1(3), 319-337.
Pernoud, R. (1965). Aliénor d’Aquitaine. Paris : Fayard.
Riley-Smith, J. (1995). The First Crusaders, 1095-1131. Cambridge : Cambridge University Press.
Turner, R. V. (2009). Eleanor of Aquitaine: Queen of France, Queen of England. New Haven : Yale University Press.
Vincent, N. (2007). Eleanor of Aquitaine: Lord and Lady. In Wheeler, B. & Parsons, J. C. (Eds.). New York : Palgrave Macmillan.
Weir, A. (1999). Eleanor of Aquitaine: A Life. Londres : Jonathan Cape.
Articles et travaux complémentaires
Andrault-Schmitt, C. (2004). L’architecture “angevine” à l’époque d’Aliénor d’Aquitaine. Aliénor d’Aquitaine, numéro 81 hors série de la revue 303, arts, recherches et création, 99-107.
Erlande-Brandenburg, A. (2004). Le gisant d’Aliénor d’Aquitaine. Aliénor d’Aquitaine, Hors-série, 174-177.
Nolan, K. (2002). The Queen’s Choice: Eleanor of Aquitaine and the Tombs at Fontevraud. In Wheeler, B. & Parsons, J. C. (Eds.), Eleanor of Aquitaine: Lord and Lady, 377-405.
Perrot, F. (2004). Le portrait d’Aliénor dans le vitrail de la Crucifixion à la cathédrale de Poitiers. Aliénor d’Aquitaine, numéro 81 hors série de la revue 303, arts, recherches et création, 182-184.
Skubiszewski, P. (1999). Les gisants de Fontevraud et la mémoire Plantagenêt. In Mélanges Piotr Skubiszewski, Poitiers, 153-157.
09. Glossaire
Glossaire du règne d'Aliénor d'Aquitaine
A
Abbaye de Fontevraud : Monastère fondé au XIIe siècle où Aliénor d’Aquitaine passa ses dernières années et fut inhumée aux côtés d’Henri II et Richard Cœur de Lion.
Aliénor d’Aquitaine : Duchesse d’Aquitaine (1137-1204), reine de France puis d’Angleterre, épouse de Louis VII et d’Henri II Plantagenêt, mère de Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.
Amazones : Figures mythologiques de femmes guerrières. Aliénor et ses dames auraient adopté un style vestimentaire similaire lors de la Deuxième Croisade.
Amour courtois : Mouvement culturel et poétique du XIIe siècle, idéalisant l’amour chevaleresque. Aliénor a favorisé son essor.
Anjou : Comté du domaine des Plantagenêt, rattaché à l’Empire Plantagenêt après le mariage d’Aliénor et Henri II.
Aquitaine : Important duché du sud-ouest de la France, dont Aliénor hérita en 1137 et qu’elle administra tout au long de sa vie.
Aristocratie : Classe sociale dominante du Moyen Âge, composée de nobles possédant terres et titres. Aliénor joua un rôle clé dans la consolidation du pouvoir de la haute noblesse.
Art courtois : Expression artistique développée dans les cours seigneuriales médiévales, influencée par les troubadours et les mécènes comme Aliénor.
B
Baudouin III de Jérusalem (1130-1163) : Roi de Jérusalem qui accueille Louis VII et Aliénor après la traversée de l’Asie Mineure.
Beaugency (Concile de, 1152) : Réunion ecclésiastique ayant prononcé l’annulation du mariage d’Aliénor et Louis VII sous prétexte de consanguinité.
Bordeaux : L’une des capitales du duché d’Aquitaine et un centre politique et économique majeur. C’est dans sa cathédrale Saint-André qu’Aliénor épousa Louis VII en 1137.
C
Capétiens : Dynastie royale française rivale des Plantagenêts, à laquelle appartenait Louis VII.
Cartulaire : Recueil médiéval de chartes et documents administratifs relatifs à la gestion des biens d’un domaine ou d’une institution religieuse.
Champagne : Région influente en France dont le comte Thibaut IV s’oppose à Aliénor en raison du mariage controversé de sa sœur Petronille.
Chevalerie : Institution militaire et sociale du Moyen Âge valorisée par Aliénor à travers son soutien aux troubadours et à la culture courtoise.
Château de Chinon : Forteresse en Touraine où Aliénor conspira contre Henri II avec ses fils et où elle fut brièvement détenue.
Chroniqueurs médiévaux : Auteurs historiques du XIIe siècle relatant les événements de leur époque, comme Raoul de Diss, Guillaume de Newburgh ou Benoît de Peterborough.
Consanguinité : Motif officiel invoqué pour l’annulation du mariage entre Aliénor et Louis VII.
Cour d’Aquitaine : Centre de raffinement culturel et de mécénat artistique, fréquenté par des chevaliers, poètes et troubadours.
Cour d’amour : Institution aristocratique où se discutaient les principes de l’amour courtois, encouragée par Aliénor et sa fille Marie de Champagne.
Croisade (Deuxième, 1147-1149) : Expédition militaire chrétienne en Terre sainte, marquant une étape décisive dans la rupture entre Aliénor et Louis VII.
D
Duché : Division territoriale féodale gouvernée par un duc ou une duchesse. L’Aquitaine fut l’un des plus vastes duchés médiévaux.
Duchesse : Titre porté par Aliénor après la mort de son père Guillaume X en 1137.
E
Empire Plantagenêt : Ensemble des territoires gouvernés par Henri II et ses descendants, s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées.
Érudition : Connaissance approfondie des lettres et des arts. Aliénor, mécène des troubadours et écrivains, incarna cette qualité.
F
Féodalité : Organisation sociale médiévale fondée sur des liens de dépendance entre suzerains et vassaux.
Fin’amor : Idéal de l’amour courtois développé par les troubadours occitans.
Fontevraud : Lieu de mémoire des Plantagenêt où Aliénor passa ses dernières années.
G
Gisant : Statue funéraire représentant un défunt allongé, comme ceux d’Aliénor, Henri II et Richard Cœur de Lion à Fontevraud.
Guillaume IX d’Aquitaine : Grand-père d’Aliénor, premier troubadour connu, célèbre pour ses poèmes et chansons.
H
Henri II Plantagenêt : Époux d’Aliénor, roi d’Angleterre (1154-1189), connu pour ses réformes administratives et son affrontement avec ses fils.
Héritage politique : Influence durable d’un dirigeant sur le pouvoir et les institutions.
J
Jean sans Terre : Fils cadet d’Aliénor et Henri II, roi d’Angleterre à partir de 1199.
L
Langue d’oc : Langue parlée en Aquitaine, opposée à la langue d’oïl du nord.
Légende arthurienne : Ensemble de récits médiévaux popularisés sous l’impulsion des Plantagenêt et d’Aliénor.
Louis VII : Roi de France et premier époux d’Aliénor, dont le mariage fut annulé en 1152.
M
Mécénat : Soutien aux arts et à la littérature. Aliénor encouragea les troubadours et le roman courtois.
Minstrel : Musicien itinérant divertissant la cour d’Aquitaine.
N
Nécropole : Lieu de sépulture familial. Fontevraud fut choisi comme nécropole des Plantagenêt.
Normandie : Région féodale des Plantagenêt, théâtre de conflits entre Henri II et ses fils.
P
Palais des ducs d’Aquitaine : Résidence politique et culturelle majeure d’Aliénor à Poitiers.
Petronille d’Aquitaine : Sœur d’Aliénor, impliquée dans des scandales politiques.
Plantagenêt : Dynastie fondée par Henri II, régnant sur l’Angleterre et une grande partie de la France.
Poésie courtoise : Genre littéraire médiéval exaltant l’amour idéal, encouragé par Aliénor.
Poitiers : Capitale du duché d’Aquitaine et centre politique d’Aliénor.
R
Raymond de Poitiers : Prince d’Antioche et oncle d’Aliénor, avec qui elle entretint une relation politique controversée.
Rébellion de 1173-1174 : Soulèvement des fils d’Henri II contre leur père, avec le soutien d’Aliénor.
Richard Cœur de Lion : Fils préféré d’Aliénor, roi d’Angleterre (1189-1199).
S
Sceau royal : Insigne officiel authentifiant les actes souverains.
Suzeraineté : Relation de dépendance entre un suzerain et son vassal.
T
Testament politique : Ensemble des décisions assurant la continuité du pouvoir après la mort d’un souverain.
Troubadour : Poète et compositeur de langue d’oc chantant l’amour courtois.
10 . Liste des acteurs du règne
Famille
Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1127) – Grand-père d’Aliénor, premier troubadour connu, mécène artistique.
Guillaume X d’Aquitaine (v. 1099-1137) – Père d’Aliénor, duc d’Aquitaine, mort en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Aénor de Châtellerault (v. 1103-1130) – Mère d’Aliénor, issue d’une puissante famille poitevine.
Pétronille d’Aquitaine (v. 1125-1151) – Sœur cadette d’Aliénor, impliquée dans un scandale politique avec Raoul de Vermandois.
Louis VII de France (1120-1180) – Premier époux d’Aliénor, roi de France (1137-1180), mariage annulé en 1152.
Henri II Plantagenêt (1133-1189) – Deuxième époux d’Aliénor, roi d’Angleterre (1154-1189), l’emprisonne en 1173.
Henri le Jeune (1155-1183) – Fils aîné d’Aliénor et d’Henri II, couronné roi associé mais mort avant de régner pleinement.
Richard Cœur de Lion (1157-1199) – Fils d’Aliénor, roi d’Angleterre (1189-1199), favori de sa mère.
Geoffroy II de Bretagne (1158-1186) – Fils d’Aliénor, duc de Bretagne, mort dans un tournoi.
Jean sans Terre (1166-1216) – Dernier fils d’Aliénor, roi d’Angleterre (1199-1216), rival d’Arthur de Bretagne.
Aliénor d’Angleterre (1161-1214) – Fille d’Aliénor, reine de Castille.
Mathilde d’Angleterre (1156-1189) – Fille d’Aliénor, épouse d’Henri le Lion, duc de Saxe.
Jeanne d’Angleterre (1165-1199) – Fille d’Aliénor, reine de Sicile puis comtesse de Toulouse.
Marie de Champagne (1145-1198) – Fille d’Aliénor et de Louis VII, mécène des troubadours.
Alix de France (1150-après 1195) – Fille d’Aliénor et de Louis VII, éloignée de la cour anglaise après le remariage de son père.
Arthur de Bretagne (1187-1203) – Petit-fils d’Aliénor, fils de Geoffroy II, rival de Jean sans Terre.
Alliés et soutiens
Raymond de Poitiers (v. 1115-1149) – Oncle d’Aliénor, prince d’Antioche, figure clé de la Deuxième Croisade.
Guillaume IX de Poitiers – Demi-oncle d’Aliénor, rôle mineur dans l’administration du duché.
Raoul de Faye – Oncle maternel d’Aliénor, un de ses conseillers influents en Aquitaine.
Bernard de Clairvaux (1090-1153) – Moine cistercien influent, prédicateur de la Deuxième Croisade.
Suger de Saint-Denis (1081-1151) – Abbé de Saint-Denis, conseiller influent des rois capétiens.
Conrad III de Hohenstaufen (1093-1152) – Empereur germanique, co-dirigeant de la Deuxième Croisade.
Baudouin III de Jérusalem (1130-1163) – Roi de Jérusalem, accueille Louis VII et Aliénor après leur traversée de l’Asie Mineure.
Mélisende de Jérusalem (1105-1161) – Reine-mère de Jérusalem, protectrice d’Aliénor lors de son séjour en Terre sainte.
Alexandre III (pape) (1159-1181) – Soutenu par Aliénor contre l’anti-pape Victor IV.
Célestin III (pape) (1191-1198) – Destinataire d’une lettre d’Aliénor plaidant pour la libération de Richard Cœur de Lion.
Bérengère de Navarre (1165-1230) – Belle-fille d’Aliénor, épouse de Richard Cœur de Lion.
Troubadours et poètes de la cour d’Aquitaine – Bernart de Ventadorn, Marcabru, Jaufré Rudel.
Chrétien de Troyes (v. 1130-1190) – Poète influencé par la cour de Marie de Champagne.
Marie de France (v. 1160-1215) – Poétesse influencée par la tradition littéraire d’Aliénor.
Guillaume le Maréchal (1147-1219) – Chevalier fidèle aux Plantagenêt, serviteur de Richard et Jean sans Terre.
Alphonse VIII de Castille (1155-1214) – Gendre d’Aliénor, époux d’Aliénor d’Angleterre.
Ennemis et rivaux politiques
Henri II Plantagenêt (1133-1189) – Son propre mari et adversaire après la révolte de 1173.
Louis VII de France (1120-1180) – Ex-époux d’Aliénor, opposé aux ambitions Plantagenêt après leur séparation.
Philippe Auguste (1165-1223) – Roi de France (1180-1223), ennemi des Plantagenêt, tente de fragiliser le pouvoir de Richard et Jean.
Henri VI du Saint-Empire (1165-1197) – Empereur germanique, capture Richard Cœur de Lion en 1192 et exige une rançon.
Manuel Ier Comnène (1118-1180) – Empereur byzantin, méfiant envers les croisés.
Guillaume de Tyr (v. 1130-1186) – Chroniqueur de la croisade, critique de la conduite d’Aliénor.
Raoul de Vermandois (v. 1094-1152) – Grand sénéchal de France, impliqué dans un scandale politique avec Pétronille d’Aquitaine.
Thibaut IV de Champagne (1093-1152) – Opposant au mariage de Raoul et Pétronille.
Les barons et prélats capétiens – Opposants à l’influence d’Aliénor à la cour de France.
Thomas Becket (1118-1170) – Archevêque de Cantorbéry, opposé à Henri II, assassiné en 1170.
Hugues de Kevelioc, comte de Chester – Seigneur normand, participe à la révolte contre Henri II en soutenant les fils d’Aliénor.
Hugues de Lusignan (1168-1219) – Seigneur poitevin, allié des Plantagenêt devenu adversaire de Jean sans Terre après la mort d’Aliénor.
11 . Chronologie d'Aliénor d'Aquitaine
Enfance et jeunesse (1122-1137)
1122 (ou 1124) : Naissance d’Aliénor d’Aquitaine, probablement à Poitiers ou à Belin en Gascogne.
Vers 1125 : Naissance de sa sœur cadette, Pétronille d’Aquitaine.
1130 : Mort de sa mère, Aénor de Châtellerault.
1130-1137 : Éducation raffinée à la cour d’Aquitaine : latin, rhétorique, poésie, chant, musique et immersion dans la culture des troubadours.
9 avril 1137 : Mort de son père, Guillaume X d’Aquitaine, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Aliénor devient duchesse d’Aquitaine.
25 juillet 1137 : Mariage d’Aliénor avec Louis VII, futur roi de France, à la cathédrale Saint-André de Bordeaux.
Août 1137 : Mort de Louis VI, Louis VII devient roi de France et Aliénor reine.
25 décembre 1137 : Couronnement d’Aliénor et Louis VII à la cathédrale de Bourges.
Reine de France et la Deuxième Croisade (1137-1152)
1141-1142 : Scandale du mariage de Pétronille d’Aquitaine avec Raoul de Vermandois, excommunié, ce qui creuse un fossé entre Aliénor et l’Église.
1147-1149 : Participation à la Deuxième Croisade aux côtés de Louis VII.
Octobre 1147 : Arrivée à Constantinople.
Mars-avril 1148 : Séjour à Antioche, où Aliénor soutient son oncle Raymond de Poitiers.
Avril 1148 : Départ forcé d’Antioche, marquant une rupture avec Louis VII.
Juillet 1149 : Retour en France après l’échec de la croisade.
1150-1151 : Relations tendues avec Louis VII, absence d’héritier mâle.
21 mars 1152 : Annulation du mariage lors du concile de Beaugency pour consanguinité.
Mai 1152 : Aliénor retrouve son statut de duchesse indépendante.
Mariage avec Henri Plantagenêt et reine d’Angleterre (1152-1189)
18 mai 1152 : Mariage avec Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d’Anjou.
19 décembre 1154 : Couronnement d’Henri II et Aliénor comme roi et reine d’Angleterre.
1168 : Aliénor s’installe à Poitiers et gouverne directement l’Aquitaine, faisant de sa cour un centre culturel majeur.
1170 : Henri II fait couronner son fils Henri le Jeune, sans lui accorder de véritables pouvoirs, exacerbant les tensions familiales.
1173-1174 : Révolte des fils d’Aliénor contre Henri II.
1173 : Aliénor soutient ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père.
1174 : Capturée et emprisonnée sur ordre d’Henri II, d’abord à Chinon, puis en Angleterre (Salisbury et autres forteresses).
1183 : Mort d’Henri le Jeune, consolidant la position de Richard comme héritier.
6 juillet 1189 : Mort d’Henri II. Richard Cœur de Lion devient roi et libère immédiatement sa mère.
Régence sous Richard et Jean sans Terre (1189-1204)
1189-1194 : Aliénor gouverne en l’absence de Richard, parti en croisade.
1190-1194 : Après la capture de Richard par l’empereur Henri VI du Saint-Empire, Aliénor négocie et lève une rançon pour sa libération.
1199 : Mort de Richard Cœur de Lion. Aliénor soutient Jean sans Terre contre Arthur de Bretagne pour assurer la continuité des Plantagenêt.
1200 : Voyage en Castille pour organiser le mariage de sa petite-fille Blanche avec le futur Louis VIII.
1202 : Siège de Mirebeau, où Aliénor, près de 80 ans, est assiégée par Arthur de Bretagne avant d’être secourue par Jean sans Terre.
Dernières années et héritage (1204)
1er avril 1204 : Mort d’Aliénor à l’abbaye de Fontevraud, à l’âge de 82 ans.
Avril 1204 : Inhumation à Fontevraud aux côtés d’Henri II et Richard Cœur de Lion.
12 . chiffres du règne d'Aliénor d'Aquitaine
Règnes et influence politique :
2 couronnes : Reine de France puis reine d’Angleterre, un cas unique dans l’histoire.
50 ans : Période d’influence politique anglo-française (1154-1204).
1 mariage annulé : Divorce avec Louis VII en 1152.
8 semaines : Délai entre l’annulation du mariage et ses noces avec Henri II Plantagenêt (18 mai 1152).
35 ans : Durée du mariage avec Henri II Plantagenêt (1152-1189).
Descendance et alliances :
10 enfants au total : 2 issus du mariage avec Louis VII (Marie et Alix) et 8 avec Henri II Plantagenêt.
8 enfants issus du mariage avec Henri II, dont Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.
6 enfants atteignent l'âge adulte et jouent un rôle majeur en Europe.
2 de ses fils sont devenus rois d’Angleterre : Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.
Captivité et conflits :
16 ans : Emprisonnement sur ordre d’Henri II (1173-1189).
6 lieux de détention : Dont Chinon, Salisbury et Winchester.
1173-1174 : Révolte des fils d’Aliénor contre Henri II.
1183 : Mort d’Henri le Jeune, bouleversant la succession.
1189 : Mort d’Henri II et libération immédiate d’Aliénor par Richard Cœur de Lion.
Gouvernance et mécénat :
+90 chartes et lettres officielles : Témoignent de son autorité politique.
10 ans : Régence active après sa libération (1189-1199).
1 mécène majeure : Protectrice des troubadours et de la littérature courtoise.
Territoires et puissance :
8 duchés et comtés : Territoires sous son influence (Aquitaine, Poitou, Gascogne, Normandie, Anjou, Maine, Touraine, Bretagne).
Un tiers du royaume capétien : Étendue du duché d’Aquitaine perdu par la France après son remariage.
+250 000 km² : Superficie de l’Aquitaine, plus vaste que le domaine royal capétien en 1137.
Croisades et finances :
2 croisades : Participation indirecte à la Deuxième et levée de fonds pour la Troisième.
40 000 marcs d’argent : Somme levée pour la rançon de Richard Cœur de Lion; représenterait environ 6,44 millions d'euros en valeur actuelle de l'argent.