Saint Louis et les Croisades : Entre Idéal Chrétien et Réalités Militaires
- Ivy Cousin
- 3 mars
- 39 min de lecture

Lorsque Saint Louis prit la croix, il ne se lançait pas seulement dans une guerre lointaine, mais dans une quête de foi, de pénitence et de prestige. Entre idéal chevaleresque et réalités politiques, ses croisades ont façonné son règne et marqué durablement l’histoire de la chrétienté. Mais furent-elles réellement des succès, ou bien l’écho d’un rêve idéalisé ?
Introduction :
Les croisades du XIIIe siècle, et en particulier celles menées par Saint Louis, s’inscrivent dans un contexte où la foi et la politique s’entrelacent pour façonner le destin des royaumes d’Occident. Dans un monde où la chrétienté se perçoit menacée et où les souverains cherchent à asseoir leur légitimité, ces expéditions apparaissent à la fois comme un devoir religieux et un instrument de pouvoir. Louis IX, figure emblématique du roi très chrétien, incarne cet idéal avec une ferveur sans précédent. Son engagement dans la septième et la huitième croisade dépasse la simple ambition militaire : il s’agit pour lui d’une mission sacrée, d’une pénitence vécue comme un sacrifice personnel.
Pourtant, ces expéditions, loin d’être des triomphes éclatants, révèlent toute la complexité des croisades médiévales. Entre succès éphémères et défaites cuisantes, entre piété sincère et enjeux diplomatiques, elles dessinent le portrait d’un roi qui, malgré ses échecs stratégiques, a su laisser une empreinte indélébile sur l’histoire. Afin de mieux comprendre les croisades de Saint Louis, il est essentiel d’en analyser le contexte historique et religieux, d’explorer les motivations qui ont conduit le roi de France à prendre la croix et d’examiner les conséquences de ses expéditions, tant sur le plan politique que spirituel.
2. Contexte historique et thématique
Les croisades de Saint Louis, qui marquèrent le XIIIe siècle, s’inscrivent dans un mouvement plus vaste initié à la fin du XIe siècle, avec le premier appel à la croisade lancé par le pape Urbain II en 1095. Ce mouvement, fondamentalement religieux, visait à reconquérir la Terre Sainte, tout en offrant aux participants une possibilité de rédemption. Cependant, les croisades de Saint Louis se distinguent par un ensemble particulier de facteurs religieux, politiques et personnels qui façonnèrent les motivations du roi et les enjeux de ses expéditions.
Le contexte religieux et politique des croisades est indissociable du rôle central de la papauté dans leur organisation. La papauté, sous le leadership des pontifes successifs, considérait les croisades comme un moyen de défendre la chrétienté contre les menaces internes et externes. Cette idéologie se fonde sur la notion de pénitence et de purification spirituelle. En participant à une croisade, le croyant obtenait l’indulgence, une absolution de ses péchés, et se rapprochait de Dieu, tout en accomplissant un acte de dévotion extrême. La croisade devenait ainsi une guerre sainte, non seulement pour libérer des territoires, mais aussi pour purifier l'âme du participant. Ce cadre spirituel et moral influa directement sur la perception des rois européens, qui, en prenant la croix, s'engageaient non seulement à mener des campagnes militaires, mais aussi à incarner la foi chrétienne dans toute sa dimension spirituelle.
Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, se conformait parfaitement à l'image du roi chrétien idéale telle que définie par l’Église. L’idée de la royauté chrétienne était construite autour de l’image du "roi très chrétien", celui qui incarne la vertu, la piété et la dévotion chrétienne tout en exerçant son pouvoir terrestre. La couronne de France, sous Louis IX, était présentée comme un modèle de gouvernance pieuse, où la politique et la religion se confondaient souvent. Saint Louis, fervent croyant, s’efforça de régner conformément à ces principes, cherchant à être un exemple pour ses sujets et pour l’ensemble du royaume. Dans ses actions, il mettait constamment en avant son rôle de défenseur de la foi et de la chrétienté, un idéal soutenu par des prédicateurs tels que Philippe le Chancelier et Eudes de Châteauroux, qui justifiaient la croisade comme un devoir spirituel pour défendre l’Église et la foi chrétienne contre les hérétiques et les infidèles.
La situation en Terre Sainte, avant les croisades de Saint Louis, était marquée par une dégradation progressive des États latins d’Orient. Jérusalem, prise en 1099 lors de la Première Croisade, était retombée sous domination musulmane en 1187 après la victoire de Saladin. Au début du XIIIe siècle, les territoires chrétiens en Terre Sainte étaient de plus en plus fragiles, et la situation devenait de plus en plus désespérée pour les chrétiens d'Orient. En 1244, la chute de Jérusalem, après la défaite des Croisés à la bataille de La Forbie, symbolise l’effondrement définitif des États latins d’Orient. Face à cette situation alarmante, le pape Innocent IV appela à un sursaut chrétien pour sauver ce qui restait des possessions chrétiennes en Terre Sainte, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux croisades. Cet appel, loin d’être anodin, incita Saint Louis à se lancer dans l’aventure des croisades, convaincu de l’urgence spirituelle et militaire de la situation.
Saint Louis, un homme profondément religieux, considérait ses croisades non seulement comme une quête pour la défense de la chrétienté, mais aussi comme un pèlerinage, une démarche spirituelle personnelle. La jeunesse de Louis IX fut marquée par une éducation rigoureuse, fortement influencée par les enseignements chrétiens. Son père, Louis VIII, l’éleva dans un environnement où la piété et les obligations religieuses étaient primordiales. Dès son accession au trône, Louis IX chercha à incarner le modèle du roi chrétien par son engagement dans des actions pieuses, telles que la construction d’églises, la protection des ordres religieux et l’établissement de réformes sociales en accord avec les principes chrétien. Sa foi inébranlable, son rapport au sacré et son désir d’incarner un souverain pieux et réformateur furent les principaux moteurs de son engagement dans les croisades.
Les motivations de Louis IX, bien qu’animées par des convictions religieuses profondes, ne se limitaient pas à un seul aspect spirituel. Si sa quête de rédemption personnelle et son ambition de défendre la chrétienté étaient au cœur de son projet, il y avait également une dimension politique dans ses croisades. Le roi cherchait à consolider son image royale et à renforcer le prestige du royaume de France. En prenant la croix, Louis IX visait à asseoir sa légitimité sur la scène internationale en tant que défenseur de la foi et protecteur des terres chrétiennes. Dans cette démarche, il suivait l’exemple des rois chrétiens de son époque, qui voyaient dans la croisade un moyen de renforcer leur pouvoir, tant spirituellement que politiquement.
Les chroniques médiévales, telles que celles de Jean de Joinville, témoignent de la motivation spirituelle de Louis IX. Joinville, son proche compagnon et biographe, décrit le roi comme un homme profondément dévoué à Dieu, qui voyait dans la croisade une manière d’accomplir sa foi et de se purifier. Les lettres pontificales, notamment celles de Innocent IV, soulignent également l’importance de cette croisade pour la défense de la chrétienté et pour la restauration du pouvoir chrétien en Terre Sainte. Ces sources confirment que la croisade de Saint Louis était avant tout perçue comme une mission divine, à la fois pour sauver Jérusalem et pour faire face aux défis internes de l’Église, notamment l’hérésie et les divisions.
Ainsi, les croisades de Saint Louis, bien qu’ancrées dans un contexte de crise pour les chrétiens en Terre Sainte, étaient également le reflet d’un projet royal global, mêlant dévotion religieuse et stratégie politique. Ces expéditions, motivées par des convictions spirituelles profondes, étaient également une affirmation de la puissance et de la légitimité de la monarchie capétienne, qui cherchait à s’imposer comme un modèle de souveraineté chrétienne dans le monde médiéval.
Les croisades de Saint Louis s’inscrivent dans un contexte historique complexe et déterminant, non seulement par les enjeux spirituels et religieux qu'elles représentent, mais aussi par les événements militaires qui en découlent. Si le contexte historique et les motivations personnelles du roi ont été précisés, il convient désormais de se pencher sur les manifestations concrètes de ces croisades à travers deux grandes expéditions militaires. La septième croisade, initiée en 1248, et la huitième croisade, en 1270, sont les points d’orgue de l’engagement de Louis IX, chacune marquée par des décisions stratégiques cruciales et des conséquences qui dépassent largement le cadre militaire. Ces croisades, loin d’être de simples aventures militaires, se sont également inscrites dans une dynamique où la foi, la diplomatie et la politique se sont entrelacées pour façonner non seulement le destin de Saint Louis, mais aussi celui des royaumes chrétiens d’Orient.
À travers l’étude de la septième croisade et de la huitième croisade, ainsi que des figures qui ont accompagné Saint Louis tout au long de ces expéditions, il devient possible d’enrichir notre compréhension des enjeux et des conséquences de ces entreprises religieuses. Les échecs militaires, notamment l’échec de la septième croisade en Égypte, sont contrebalancés par la construction de l’image d’un roi souffrant pour sa foi, tandis que la huitième croisade, tragiquement marquée par la mort du roi à Tunis, marque un tournant dans l’histoire des croisades et annonce la fin d’une époque.
Dans ce contexte, il est également nécessaire de mettre en lumière les figures essentielles de cette époque, de Louis IX et ses compagnons de croisade, à la figure des musulmans adverses comme Baybars et les Mamelouks, jusqu’à la place de la diplomatie et des échanges culturels. Ces éléments convergeront pour nous permettre d’analyser, dans le chapitre suivant, la portée historique de ces événements, et leurs impacts à long terme.



3. Manifestations du thème dans l’histoire
Les croisades de Saint Louis : motivations, enjeux et conséquences
Les croisades de Saint Louis, notamment la septième (1248-1254) et la huitième (1270), sont des événements militaires marquants qui ont façonné l’histoire de la France médiévale et de la Terre Sainte. Ces expéditions ont été animées par des motivations complexes, où la foi chrétienne, les intérêts politiques et les enjeux territoriaux se sont entrelacés. Elles ont eu des conséquences durables, non seulement pour les royaumes chrétiens d'Orient mais aussi pour l’image de Saint Louis, qui incarne une figure royale dévouée, souffrante et pieuse.
La septième croisade, lancée en 1248, trouve sa justification dans la volonté de Saint Louis de reconquérir Jérusalem et d’affaiblir le pouvoir musulman en Égypte, alors considéré comme une clé stratégique pour atteindre la Terre Sainte. Le roi de France, fort de son désir de restaurer l’unité chrétienne en Orient, met le cap sur l’Égypte. Le siège de Damiette (juin 1249), après une bataille maritime victorieuse, est un premier succès pour l’armée chrétienne. Toutefois, les ambitions de Saint Louis sont vite contrariées. La bataille de Mansourah (8 février 1250) se solde par un échec cinglant. L’armée croisée, affaiblie par une épidémie de dysenterie et de scorbut, est contraite à la retraite. Saint Louis est capturé, et c’est après un mois de captivité qu’il obtient sa libération, en échange de la ville de Damiette et d’une rançon exorbitante. Cet échec militaire, cependant, contribue à forger l’image d’un roi martyr, prêt à sacrifier sa liberté pour la foi. Comme le rapporte Jean de Joinville, son fidèle chroniqueur : "Toute la peau de nos jambes devenait tachetée de noir, comme une vieille botte" (Joinville, Histoire de Saint Louis).
La huitième croisade, en 1270, se distingue par un choix stratégique différent : l’attaque de Tunis. Le royaume de France, après l’échec de la septième croisade, cherche à se repositionner. La décision de s’attaquer à Tunis, prise par Saint Louis, repose sur la conviction qu’une victoire en Afrique du Nord permettrait de couper les voies d’approvisionnement des musulmans et de renforcer l’influence chrétienne en Méditerranée. Cependant, cette croisade est frappée par une épidémie qui décime l’armée croisée. Saint Louis lui-même succombe à la peste le 25 août 1270, mettant un terme brutal à l’expédition et scellant ainsi la fin de son époque. Selon les chroniques, le roi, dans ses derniers instants, reste un modèle de foi et de courage : "Sire, Dieu ! Pitié ! Mercy ! Que votre plaisir soit de me garder et ma gent de cette pestilence !" (Joinville, Histoire de Saint Louis). La mort de Saint Louis en Terre Sainte marque un tournant dans les Croisades, car elle symbolise non seulement la fin de ses efforts pour sauver Jérusalem mais aussi l’épuisement des grandes dynamiques croisées.
Les figures clés de ces croisades sont multiples et reflètent les tensions, les alliances et les rivalités qui caractérisaient cette époque. Louis IX, Saint Louis, demeure l’âme de ces expéditions, à la fois roi et chef spirituel. Son entourage est aussi essentiel : Charles d’Anjou et Alphonse de Poitiers, ses frères, ont joué un rôle majeur dans la conduite de l’expédition, que ce soit sur le plan militaire ou diplomatique. Les musulmans adverses, en particulier Baybars, le sultan mamelouk de l’Égypte, sont des figures incontournables, opposant une résistance farouche aux Croisés. Baybars est particulièrement connu pour sa capacité à organiser les forces mameloukes et à déjouer les plans de ses adversaires. La diplomatie joue un rôle non négligeable dans les Croisades, notamment avec les Templiers et les Hospitaliers, qui, en plus de leur rôle militaire, deviennent des interlocuteurs essentiels dans les négociations avec les dirigeants musulmans.
Les croisades de Saint Louis ne se limitent pas à des batailles. Elles s’inscrivent dans une dynamique où diplomatie et échanges culturels jouent un rôle primordial. Saint Louis, en dépit de ses échecs militaires, s’engage également dans des négociations diplomatiques avec les musulmans, comme en témoigne sa volonté de négocier une trêve avec les émirs d’Égypte. Les échanges avec les ambassades de Damas ou la visite des envoyés du Vieux de la Montagne, chef de la secte des Assassins, montrent que la diplomatie s’entrelace avec les enjeux militaires. Les marchands et les ambassadeurs sont des acteurs clés qui façonnent les relations entre l’Orient et l’Occident, faisant de ces croisades un terrain d’échanges aussi bien matériels que culturels.
Les croisades de Saint Louis, à travers ces grandes expéditions, ont laissé une empreinte profonde dans l’histoire médiévale. Elles témoignent de la puissance de la foi chrétienne, du rôle complexe des croisades dans la politique méditerranéenne et du destin tragique d’un roi qui incarne l’idéal chevaleresque et religieux de son époque.
Les croisades de Saint Louis ne se résument pas uniquement à des batailles et des stratégies militaires. Elles sont aussi marquées par des récits empreints de grandeur humaine, de sacrifices et de moments de grande dignité, comme en témoignent les chroniques de l'époque. Ces récits nous plongent dans l'intimité des événements marquants, offrant une perspective plus humaine de ces expéditions. Ainsi, nous découvrirons, à travers les paroles de Joinville, la dignité inébranlable du roi face à ses geôliers pendant sa captivité en Égypte, une expérience qui a contribué à forger l’image d’un souverain profondément pieux et résolu. Cette période de captivité, bien que marquée par des souffrances physiques, révèle aussi les traits d'un monarque dont la force de caractère n’a fait que se renforcer dans l’adversité.
Les négociations menées par Louis IX avec les Mamelouks seront également au cœur de ces anecdotes, illustrant les efforts incessants du roi pour sauver ses hommes et garantir la sécurité des terres chrétiennes en Orient. À travers ces échanges diplomatiques, Saint Louis s’efforce non seulement de libérer ses captifs, mais aussi de préserver l’honneur des Croisés face aux puissances adverses.
Enfin, un autre aspect fondamental de son héritage réside dans son amour profond pour les reliques sacrées. Sa quête spirituelle s’est matérialisée par la collecte précieuse de reliques ramenées en France, la plus célèbre étant la couronne d'épines du Christ. Cette acquisition, placée dans la Sainte-Chapelle, symbolise non seulement sa dévotion personnelle mais aussi son désir de renforcer l'identité chrétienne du royaume de France à travers des objets de vénération. Ces exemples ne sont pas seulement des événements militaires ou diplomatiques, mais des témoins d’un roi qui a su, à travers ses actions, renforcer l’aura spirituelle de son règne.
Ainsi, dans les pages suivantes, nous explorerons ces épisodes marquants, à la fois fascinants et révélateurs, qui illustrent l’héritage complexe de Saint Louis, entre guerre, diplomatie et dévotion.


4. Exemples notables et anecdotes historiques
La capture de Saint Louis durant la septième croisade (1248-1254) constitue l’un des épisodes les plus marquants de la vie de Louis IX. Après la défaite de son armée à Mansourah, il est capturé par les Mamelouks en 1250. Dans son Vie de Saint Louis, Jean de Joinville, le fidèle compagnon du roi, raconte comment Louis IX, malgré sa captivité, conserva une dignité inébranlable. Le roi ne se laissa pas abattre par son sort et s’efforça de maintenir sa position de souverain pieux et respecté, même en prison. Joinville souligne que le roi, bien que contraint à la captivité, refusa toute attitude de soumission, affirmant ainsi sa stature royale et spirituelle. Il demeura digne et ferme, un exemple de résilience, refusant de laisser son esprit être brisé, malgré les conditions difficiles dans lesquelles il se trouvait. Il apparaît ainsi non seulement comme un roi, mais comme un modèle de chrétien dévoué, résistant à la tentation de la peur ou de l’humiliation.
Les négociations entre Louis IX et les Mamelouks, dans l’espoir d’obtenir la libération de ses troupes et l’évacuation des territoires occupés, furent un autre moment décisif. Le roi, conscient de l’ampleur de la situation, chercha à trouver un terrain d’entente avec ses geôliers, en proposant une série de conditions en échange de la liberté de ses soldats. Selon les chroniques, Louis IX mit en avant des arguments de paix et de justice, préférant négocier plutôt que de continuer à lutter sans espoir. Ces négociations se terminèrent par la signature d’un traité en 1250, accordant la libération du roi et de ses hommes contre le paiement d’une lourde rançon. Ce geste démontre non seulement l’ingéniosité diplomatique du roi, mais aussi son profond engagement envers la préservation de la vie de ses compagnons d’armes, tout en respectant son devoir de souverain.
Enfin, après son retour en France et la fin de la croisade, Saint Louis se consacra à un autre projet important : l’enrichissement des trésors religieux, en particulier avec l’acquisition de reliques. Il fit construire la Sainte-Chapelle, un chef-d’œuvre gothique dédié à abriter la couronne d’épines du Christ, un artefact de grande valeur religieuse. La relique, que le roi avait achetée à un prix exorbitant, devint un symbole de son attachement profond à la foi chrétienne et de son rôle de protecteur de la religion. Dans le contexte de la Sainte-Chapelle, la couronne d’épines acquérait une dimension spirituelle, symbolisant non seulement la souffrance du Christ, mais aussi la piété exemplaire de Louis IX. Ainsi, à travers l’édification de la chapelle et l’acquisition des reliques, Louis IX renforça son image de monarque chrétien, investi d’une mission divine pour défendre et honorer la foi chrétienne.
Ces trois anecdotes — la dignité face à la captivité, les négociations pour la libération des croisés, et la collecte de reliques — illustrent parfaitement l’engagement de Saint Louis envers son peuple et sa foi. Elles témoignent de l’alliance de la puissance royale et de la piété chrétienne, qui ont marqué son règne et son héritage.
Alors que nous avons exploré les moments clés de la captivité de Saint Louis, de ses négociations avec les Mamelouks et de son engagement religieux à travers l’acquisition des reliques, il est essentiel de prendre un recul pour saisir l'ampleur de l'impact de ses croisades et de son héritage. Bien que marquées par des échecs militaires, ces expéditions renforcèrent non seulement la légende du roi, mais aussi son prestige à travers l’Europe chrétienne. À travers ses épreuves, Louis IX se forgea une image de souverain pieux et résolu, ce qui lui valut d’être canonisé en 1297. Cette conclusion nous permettra de mieux comprendre les répercussions de son action sur la politique française et l’impact durable de son héritage, tant dans l’imaginaire chrétien que dans la mémoire collective.


Toutefois, si l’image d’un roi pieux et dévoué aux croisades s’est imposée, il convient de la replacer dans un cadre historiographique plus large...
5 . Réévaluation des croisades de Saint Louis : entre idéal chrétien et réalités historiques
Si l’image de Saint Louis en roi croisé pieux et dévoué à la chrétienté s’est imposée dans l’historiographie traditionnelle, notamment sous l’influence de ses biographes contemporains tels que Jean de Joinville, il convient d’adopter une perspective plus nuancée sur son engagement dans les croisades.
Une croisade perçue différemment selon les camps
Dans les chroniques chrétiennes médiévales, les croisades de Louis IX sont souvent présentées comme un acte de foi et de dévouement à Dieu. Cependant, du point de vue des musulmans, elles apparaissent avant tout comme des campagnes expansionnistes menées par des envahisseurs étrangers. Les écrits d’historiens arabes tels que Ibn al-Athîr et Al-Maqrîzî décrivent les Croisés comme des adversaires certes déterminés, mais souvent mal préparés et victimes de leurs propres erreurs stratégiques.
Loin d’incarner uniquement un souverain juste et pieux, Saint Louis fut également perçu comme un chef de guerre obstiné, prêt à sacrifier d’importantes ressources humaines et économiques pour une cause dont les résultats militaires furent, au final, limités. Les Mamelouks, sous le commandement de Baybars, virent dans ces croisades une menace contre leur pouvoir, mais aussi une opportunité d’affirmer leur domination dans la région.
Un impact politique et économique contrasté
Les croisades de Louis IX ne furent pas seulement des expéditions spirituelles : elles eurent aussi des conséquences politiques et économiques notables pour le royaume de France. Loin d’être une simple quête religieuse, ces expéditions représentaient un investissement colossal, avec des coûts financiers majeurs. La rançon versée après la capture du roi à Mansourah en 1250 (400 000 livres) pesa lourdement sur les finances du royaume.
De plus, certains historiens modernes, tels que Jacques Le Goff et Christopher Tyerman, insistent sur le fait que les croisades de Saint Louis marquent une période où la monarchie française cherche à s’imposer comme une puissance chrétienne universelle, mais au prix de sacrifices considérables. La huitième croisade, tournée vers Tunis en 1270, est souvent interprétée non comme une volonté de libérer la Terre Sainte, mais comme une tentative de renforcer l’influence française en Méditerranée, dans un contexte de rivalité avec les cités marchandes italiennes et l’Empire byzantin.
Une canonisation qui façonne l’image du roi
Enfin, il est essentiel de noter que l’image actuelle de Saint Louis ne s’est pas construite uniquement sur ses actions de son vivant, mais aussi sur son processus de canonisation en 1297, sous le pape Boniface VIII. Ce dernier, en le sanctifiant, a contribué à établir un récit hagiographique qui insiste davantage sur son rôle de roi modèle et pieux que sur ses erreurs stratégiques.
Les témoignages de Jean de Joinville, bien qu’inestimables pour comprendre la personnalité du roi, doivent être replacés dans leur contexte : Joinville admirait profondément Louis IX et a rédigé sa Vie de Saint Louis pour magnifier ses actions, minimisant certaines décisions contestables. Cette vision a longtemps dominé les récits historiques avant d’être remise en question par les analyses modernes.
Un roi pieux, mais une croisade contestée
Si Louis IX demeure une figure marquante de l’histoire des croisades et un souverain animé par une foi sincère, son rôle ne peut être réduit à celui d’un saint croisé guidé par une mission divine. Les croisades qu’il a menées furent des entreprises complexes, aux motivations mêlant foi, politique et prestige monarchique, et dont les résultats furent loin d’être unanimes. Loin de constituer un simple affrontement entre le bien et le mal, elles révèlent les tensions et les interactions entre l’Occident et l’Orient, mettant en évidence des échanges culturels, des négociations diplomatiques et des résistances stratégiques qui dépassent largement le cadre d’une guerre religieuse.
En intégrant cette complexité, on comprend mieux que Saint Louis, tout en étant un souverain pieux et soucieux de son peuple, n’échappe pas aux contradictions et aux réalités du pouvoir médiéval.
6. CONCLUSION
La figure de Saint Louis, roi de France, incarne une complexité fascinante, notamment au travers de ses croisades. Bien que ces expéditions militaires aient été des échecs notoires, notamment la tragique croisade de Tunis en 1270 où il trouva la mort, elles ont paradoxalement renforcé son prestige en Occident. Les croisades, loin de diminuer son autorité, ont contribué à édifier une image de roi sacré, martyrisé pour sa foi. Saint Louis est ainsi perçu comme l’incarnation du souverain chrétien idéal, un modèle de piété et de dévouement envers Dieu, au point d'être canonisé en 1297 par le pape Boniface VIII, seulement 27 ans après sa mort. Ce processus de canonisation témoigne de l'impact profond de ses actions religieuses et politiques, et de la manière dont son image a été soigneusement cultivée par l’Église et la monarchie elle-même.
Cependant, si la mémoire de Saint Louis a été glorifiée, ses croisades ont eu des conséquences plus nuancées sur la politique de son royaume. Les coûts astronomiques de ces expéditions ont temporairement affaibli le pouvoir royal, mettant à mal les finances de la couronne et engendrant des tensions internes. Néanmoins, ces épreuves ont paradoxalement nourri le mythe capétien dans la mémoire collective, consolidant l’idée que la monarchie française était, à la fois, sacrée et inébranlable. À travers les siècles, l’héritage de Saint Louis a perduré, continuant d’influencer l’imaginaire du souverain chrétien idéal, exemplaire de dévouement et de justice. Dans cette postérité, il incarne une figure centrale de l’histoire de France, et son image se superpose à celle de l'État royal, modèle de vertu et de souveraineté.


Annexes:
Iconographie

Saint Louis fait vœu de se croiser, détail d'un vitrail de l'église Notre-Dame Saint-Louis, à Lyon
Ce vitrail représente un moment clé de l'histoire de Louis IX, où il fait le vœu de partir en croisade. Sur cette image, le roi, allongé sur son lit, reçoit la croix des mains d’un évêque, symbolisant son engagement spirituel pour la défense de la chrétienté en Terre Sainte. Accompagné de sa femme, la reine Marguerite, cette scène illustre son serment solennel de prendre part à la croisade, un acte fondamental dans la construction de son image de roi chrétien. Ce vitrail reflète également l'idée que la croisade de Saint Louis, bien qu'une expédition militaire, était avant tout perçue comme un pèlerinage et un acte de rédemption spirituelle.
Vitrail de l'église Notre-Dame Saint-Louis à Lyon : Ce vitrail fait partie de la décoration de l'église, dédiée à Saint Louis, qui évoque l'aspect spirituel du roi, particulièrement son engagement chrétien.
Saint Louis : Louis IX (1214-1270), roi de France, connu pour sa dévotion chrétienne et ses croisades. Il est canonisé par l’Église catholique en 1297.
Vœu de croisade : Un acte symbolique où le roi Louis IX, dans un moment de dévotion, s'engage à partir en croisade, un vœu qu'il tiendra en 1248. Ce geste correspond à l’idée de la guerre sainte et de la rédemption par le pèlerinage.
Évêque : Représente la bénédiction spirituelle donnée au roi, soulignant l'importance religieuse de la croisade.
Reine Marguerite : La femme de Louis IX, présente ici, soutient son mari dans cette décision religieuse majeure, accompagnant ainsi sa dévotion.

Un navire de Haarlem coupe la chaîne barrant le port de Damiette, toile de Cornelis Claesz van Wieringen (1577-1633)
Cette œuvre représente un moment clé de la septième croisade, lors du siège de Damiette en 1249. Un navire de la ville de Haarlem, un des participants à la croisade, s’apprête à couper la chaîne qui bloquait l'accès au port de Damiette, une action stratégique décisive pour les forces croisées. Cette scène est illustrée par l’artiste néerlandais Cornelis Claesz van Wieringen, qui capture ce moment militaire dans un style réaliste propre à l’ère de l'art baroque.
La bataille de Damiette : Le port de Damiette fut un point stratégique crucial pour la septième croisade de Louis IX. La ville, sur la côte égyptienne, fut prise par les croisés en 1249, mais la prise de la ville et du port ne marqua que la première phase de l'expédition, avant les défaites successives à Mansourah.
La chaîne du port de Damiette : La chaîne qui obstruait l'accès au port de Damiette fut une barrière physique importante que les croisés durent franchir. L'action de couper cette chaîne fut un symbole de l'avancée des forces chrétiennes dans l'expédition, malgré les obstacles physiques et stratégiques.
Le rôle des navires de Haarlem : Le navire de Haarlem, une flotte hollandaise, faisait partie des soutiens importants pour les croisés. Ces navires étaient nécessaires pour assurer le transport, le ravitaillement et la logistique des croisades. Les navires, tels que celui représenté ici, étaient donc essentiels au succès militaire de l'opération.
Cornelis Claesz van Wieringen : L’artiste néerlandais, qui a vécu entre 1577 et 1633, est connu pour ses scènes maritimes, souvent inspirées par des événements historiques. Cette toile, bien que datée d'une époque bien postérieure à l'événement qu'elle dépeint, rend hommage à la dynamique de la guerre navale au Moyen Âge. La représentation réaliste des navires et des manœuvres illustre l'importance de la mer dans les croisades et les conflits militaires de l'époque.

Saint Louis fait prisonnier lors de la septième croisade (1250)
Cette gravure de Gustave Doré, réalisée au 19e siècle, illustre un moment clé de la septième croisade : la capture du roi Louis IX par les forces mameloukes après la défaite de son armée à la bataille de Mansourah en 1250. L’image montre Saint Louis debout, une couronne sur la tête et enchaîné, au centre de la scène, tandis qu’une lumière céleste l’entoure, renforçant son aura de roi martyr et de souverain pieux. En arrière-plan, les soldats mameloukes, vêtus de turbans et d’armures orientales, pointent leurs armes vers lui, tandis qu’une figure spectrale au-dessus de lui fait un lien avec la passion du Christ, soulignant la dimension spirituelle et sacrificielle de cet événement.
Saint Louis en captivité :
Saint Louis, le roi de France, fut capturé par les Mamelouks à la suite de la défaite subie à Mansourah (Egypte) le 8 février 1250. Après avoir traversé le Nil et assiégé la ville de Damiette, l’armée croisée fut contrainte de se retirer face à l'armée égyptienne et à une épidémie qui décima les rangs. Le roi fut fait prisonnier, marquant l’un des moments les plus humiliants de la septième croisade.
La lumière céleste :
La représentation de la lumière éclatant au-dessus de Saint Louis sert à renforcer son image de souverain pieux et martyrs. Le halo autour de la tête de Saint Louis rappelle les représentations religieuses de figures saintes et martyrs dans l'art médiéval. Cette lumière, en particulier, peut être vue comme une référence à l’ascension spirituelle de Saint Louis dans l’histoire, malgré sa captivité physique.
Les Mamelouks :
Les soldats représentés dans l’illustration portent des turbans, une caractéristique des Mamelouks, une élite militaire d'origine esclavagiste qui dominait l'Égypte et la Syrie au XIIIe siècle. Ils sont les principaux adversaires de Saint Louis lors de la septième croisade et auront un rôle clé dans la défaite des Croisés, particulièrement à Mansourah.
Le Christ et la passion :
L’image au-dessus de Saint Louis, bien que difficile à interpréter d'un point de vue strictement historique, semble faire écho à des symboles chrétiens, associant la figure du roi à la souffrance du Christ. Cette allusion à la passion du Christ pourrait symboliser la foi inébranlable de Saint Louis et la dignité avec laquelle il a affronté sa captivité, dans l’attente de sa libération.
L’impact de la capture de Saint Louis :
La capture de Saint Louis en 1250 constitue un tournant majeur dans les Croisades. Bien qu'il ait été libéré après la signature d’un traité et le paiement d'une rançon de 400 000 livres, cet épisode contribue à renforcer l’image de Saint Louis comme un roi pieux, une figure religieuse incontournable qui inspire à la fois respect et compassion. Cette image de martyr chrétien se retrouve dans de nombreux écrits de l’époque, notamment dans les chroniques de Jean de Joinville, son biographe.
Bien qu’elle ait été créée plusieurs siècles après les événements, incarne parfaitement l’idéal chrétien de Saint Louis et sa place dans l’imaginaire collectif, entre grandeur et souffrance.

La Bataille de Mansûra (1250)
Cette enluminure, réalisée dans le manuscrit de Guillaume de Saint-Pathus, intitulé Vie et miracles de saint Louis, représente la célèbre bataille de Mansûra, qui eut lieu pendant la septième croisade. Cette scène illustre les moments dramatiques où l’armée croisée, dirigée par Saint Louis, fut défait par les forces mameloukes en Égypte. L'illustration montre les chevaliers français en armure frappant les soldats ennemis dans une scène de combat intense. Saint Louis lui-même est probablement représenté parmi les combattants, soulignant son rôle de chef militaire et sa participation active à la bataille. Le personnage central semble figé dans une posture de combat, entouré de ses soldats et de l'ennemi. En arrière-plan, une scène symbolique pourrait illustrer l’effet dévastateur de la bataille sur les Croisés.
La bataille de Mansûra se déroule pendant la septième croisade et marque un tournant décisif. Saint Louis, après avoir pris la ville de Damiette en 1249, avance vers le Caire, avec l’intention de couper l'Égypte des forces musulmanes. Cependant, l’armée croisée, affaiblie par une épidémie, se heurte aux forces mameloukes dirigées par Baybars. Malgré la bravoure de Saint Louis et de ses chevaliers, la bataille se termine par une défaite cuisante pour les Croisés.
Les Mamelouks :
Les Mamelouks étaient une caste militaire d’origine turque ou cirassienne qui jouait un rôle majeur dans l'armée égyptienne. Ils sont représentés ici portant des casques distinctifs et des armures. Leur organisation militaire et leur stratégie ont permis à Baybars de remporter la victoire sur les Croisés.
La tactique de combat :
Dans cette enluminure, l’intensité du combat est mise en évidence par l’action représentée au premier plan. Des chevaliers croisés frappent avec leurs épées tandis que d’autres sont à terre, une scène typique des batailles médiévales. L’artiste met en lumière l'âpreté du combat et la confusion qui régnait parmi les troupes chrétiennes après la défaite.
Le rôle symbolique de la bataille :
Bien que la bataille de Mansûra ait été une défaite militaire pour les Croisés, elle est souvent interprétée dans les chroniques médiévales comme un symbole de la foi inébranlable de Saint Louis, qui, même capturé, demeure une figure de pitié et de dignité. La bataille symbolise la lutte spirituelle et physique menée par les Croisés sous l’autorité de leur roi.
Guillaume de Saint-Pathus :
Guillaume de Saint-Pathus, chroniqueur et moine, a écrit la Vie et miracles de saint Louis au début du XIVe siècle. Son manuscrit a été conservé à la Bibliothèque nationale de France et est l’une des sources les plus importantes sur la septième croisade et la personnalité de Saint Louis. L’enluminure reflète la manière dont les événements historiques étaient interprétés et valorisés dans le contexte chrétien de l’époque.
Le style artistique :
L’enluminure est caractéristique du style gothique du XIVe siècle, avec des couleurs vives et des détails minutieux, particulièrement dans les costumes et les armures. Le contraste entre les figures humaines et les arrière-plans colorés crée un effet visuel fort, renforçant l’intensité dramatique de la scène. La représentation de la bataille s’inspire de la tradition médiévale des scènes de guerre tout en intégrant des éléments religieux qui renforcent l’aspect symbolique du combat.

Débarquement de Saint Louis à Damiette, en Égypte, le 4 juin 1249
Peinture de Georges Rouget, réalisée pour illustrer l'événement marquant de la croisade de Saint Louis. Ce tableau représente le moment où le roi Louis IX, armé et à la tête de ses troupes, débarque sur les côtes égyptiennes à Damiette. Il se distingue par sa posture déterminée, symbolisant son rôle de chef spirituel et militaire. Ce débarquement marqua le début d'une série d'événements dramatiques pendant la septième croisade.
Le roi Louis IX (Saint Louis) en premier plan : Le roi est représenté sur la plage, vêtu de son armure, portant l’étendard royal. Son geste de s'avancer vers la terre fermement ancré dans l’action symbolise sa foi et son engagement dans la croisade. L’armure qu’il porte est ornée du lys, symbole de la monarchie française.
Les soldats et chevaliers français : En arrière-plan, des chevaliers et des soldats se préparent à débarquer, montrant la force militaire et l'unité de l'armée française. Certains soldats sont représentés en train de se tenir prêts pour la bataille, d'autres se concentrent sur les manœuvres sur la plage.
Les forces ennemies : Sur le côté gauche, on voit des soldats mamelouks (adversaires des croisés), certains tombant sous les coups, ce qui suggère la résistance qu’ils ont opposée aux croisés. Ces figures témoignent de l'intensité des affrontements militaires sur la terre égyptienne.
Les navires au fond : Des vaisseaux de guerre sont visibles, avec des drapeaux flottants, signifiant le déploiement naval et l’arrivée de renforts en terre d’Égypte. Le vaisseau avec le pavillon royal, qui flotte au-dessus de la scène, souligne l'autorité du roi.
Le paysage côtier égyptien : L’illustration de la mer et de la terre égyptienne souligne l’importance géographique du débarquement à Damiette. Le cadre naturel est mis en valeur, montrant les conditions environnementales difficiles auxquelles les croisés devaient faire face.

Vitraux de la 4e travée et de l'abside de la Sainte-Chapelle, Paris
Cette image présente la vue de l'abside et des vitraux de la quatrième travée de la chapelle haute de la Sainte-Chapelle à Paris. Conçue par l'architecte Pierre de Montreuil au XIIIe siècle sous l'impulsion de Louis IX, la Sainte-Chapelle est un exemple emblématique de l'architecture gothique rayonnante. L'architecture et les vitraux jouent un rôle majeur dans la mise en valeur de la lumière et des symboles religieux, contribuant à faire de la Sainte-Chapelle un lieu sacré et une relique architecturale. Les vitraux, notamment ceux de l'abside, sont parmi les plus spectaculaires de l'époque, représentant des scènes bibliques qui magnifient la puissance divine et la royauté chrétienne.
Les vitraux de la 4e travée :
Ces vitraux illustrent des scènes religieuses, racontant des épisodes bibliques liés à la vie du Christ et des saints. Leur couleur et leur luminosité accentuent la sacralité de la Sainte-Chapelle, en transformant la lumière naturelle en une lumière divine filtrée à travers les scènes saintes.
L'abside de la Sainte-Chapelle :
L'abside est l'une des caractéristiques principales de la chapelle haute, avec des fenêtres ogivales permettant l'admission de lumière et une vue dégagée des vitraux. Ces fenêtres sont un modèle parfait du style gothique rayonnant, où l'accent est mis sur la verticalité et l'élévation de l'espace, symbolisant l'ascension spirituelle.
Le ciel étoilé au plafond :
Le plafond de la chapelle est peint d’un bleu profond parsemé d’étoiles dorées, renforçant l’aspect céleste du lieu. Cette décoration symbolise la divinité et l’univers chrétien. Le ciel étoilé au-dessus du maître-autel symbolise la grandeur de Dieu et l’idée du royaume céleste auquel la Sainte-Chapelle est dédiée.
Les éléments architecturaux gothiques :
L’utilisation de l'arc-boutant, visible à travers l'architecture de la chapelle, permet de soutenir les grandes fenêtres sans compromettre la stabilité du bâtiment. Cela libère l’espace intérieur, permettant l’installation de vitraux massifs qui dominent l’espace, caractéristique de l'architecture gothique rayonnante.
Le rôle des vitraux dans la dévotion :
Les vitraux de la Sainte-Chapelle, d’une richesse iconographique exceptionnelle, servaient non seulement à illuminer l’espace de manière magique et divine, mais aussi à instruire les fidèles à travers des récits visuels tirés de la Bible. Ils mettaient en scène des épisodes évangéliques, confirmant l’importance de la foi chrétienne pour le roi Louis IX et son peuple.

Philippe III apportant à Saint-Denis les reliques de Saint Louis, XIXe siècle
Peinture de Pierre-Narcisse Guérin (1774–1839), Basilique de Saint-Denis.
Cette œuvre illustre le moment où Philippe III, fils de Louis IX, apporte les reliques de son père à la Basilique de Saint-Denis, après la mort de Louis IX à Tunis en 1270. Le roi Philippe III est représenté en procession, entouré des membres de la cour et du clergé, lors de la solennité de la translation des reliques de Saint Louis, événement majeur pour la mémoire royale et religieuse. Le cortège est dirigé vers la basilique, où Saint Louis sera honoré en tant que saint. Cette scène illustre le lien entre la royauté capétienne et la foi chrétienne, consolidant l’image de Louis IX comme souverain sacré, modèle de piété chrétienne.
Philippe III le Hardi : Fils aîné de Louis IX, il joue un rôle important dans la transmission de l'héritage de son père. Après la mort de Saint Louis, il décide de transférer les reliques de son père à la basilique de Saint-Denis, afin de garantir sa vénération comme saint et de renforcer la légitimité royale.
Les reliques de Saint Louis : Ces reliques, notamment des fragments de son corps et d'autres objets associés à sa sainteté, sont un élément essentiel de son culte. Leur translation à Saint-Denis marque la reconnaissance officielle de Louis IX comme saint et de son rôle central dans la monarchie chrétienne.
Le clergé et la cour royale : La présence de nombreux membres du clergé et de la cour royale dans la scène montre l'importance religieuse et politique de cet événement. La cérémonie souligne le lien entre l'Église et la monarchie, renforçant l'idée de la royauté chrétienne.
L'iconographie de la procession : Le cortège, richement décoré et solennel, symbolise le passage du roi terrestre à un roi sacré. Cette procession se veut à la fois un hommage religieux et une affirmation de la continuité de la dynastie capétienne, sous le signe de la sainteté.
La Basilique de Saint-Denis : Ce lieu, déjà un centre de la mémoire royale, devient encore plus important après la canonisation de Louis IX. Elle est le lieu où reposent les rois de France, et la translation des reliques de Louis IX confirme son statut de saint et de souverain idéal, consolidant son héritage auprès de la population et des générations suivantes.
Cette peinture, réalisée au XIXe siècle, a pour objectif de célébrer le lien entre la monarchie et la foi chrétienne, tout en renforçant l'image de Louis IX comme modèle de souveraineté chrétienne. Elle reflète l’importance de la mémoire royale et du rôle de la religion dans la légitimation du pouvoir.

Louis IX, La mort de Saint Louis, Chroniques de Saint-Denis
Manuscrit des Chroniques de Saint-Denis, vers le XIVe siècle (après 1332, avant 1350).
British Library, Royal 16 G VI, folio 444 verso.
Cette miniature illustre la scène de la mort de Saint Louis à Tunis en 1270. Louis IX, le roi chrétien, est représenté sur son lit de mort, entouré de ses conseillers et de membres de sa cour. La scène est marquée par l'émotion des personnages, qui sont visiblement touchés par la perte de leur souverain. Les membres du clergé, dans leurs robes liturgiques, sont également présents, soulignant la dimension religieuse de l’événement, puisque la mort du roi est perçue comme un sacrifice chrétien. Cette illustration provient des Chroniques de Saint-Denis, une œuvre médiévale qui documente les événements majeurs de l'histoire des rois de France, et en particulier de Louis IX. Le manuscrit fait partie des archives royales et est conservé à la British Library.
Louis IX : Le roi de France, représenté allongé sur son lit de mort, montre sa posture décédée, ce qui suggère l'importance religieuse et symbolique de sa mort. Cette scène renvoie à son engagement chrétien et à son rôle de modèle de souveraineté chrétienne.
Les personnages autour du roi : Les personnages présents autour du lit de Saint Louis semblent en deuil et méditent sur la perte du souverain. Les personnages sont vêtus de manière royale et ecclésiastique, illustrant l'unité entre la couronne et l'Église dans l’hommage rendu à Louis IX.
Le contexte historique : Cette scène illustre la mort de Saint Louis survenue en août 1270 à Tunis, pendant la huitième croisade. Bien que l'expédition ait échoué, la mort du roi sur la terre des croisades renforce son image de martyr chrétien. L'impact de cet événement est renforcé par l'iconographie, qui associe la royauté à la divinité.
L’importance des Chroniques de Saint-Denis : Ce manuscrit, rédigé par des moines de l'abbaye de Saint-Denis, a joué un rôle central dans la construction de la mémoire royale. La mort de Louis IX y est illustrée comme un moment clé de la mémoire du souverain, et le texte et l'image convergent pour glorifier la figure du roi chrétien.
La dimension religieuse : Le rôle du clergé et la présence de figures ecclésiastiques dans la scène souligne l'importance de la sanctification de Saint Louis. Sa mort est perçue non seulement comme la perte d’un souverain, mais aussi comme le départ d'un saint chrétien, martyr de la foi.
Cette illustration témoigne de l'intérêt des générations médiévales pour la mémoire des rois, en particulier celle de Saint Louis, et de la manière dont la liturgie et la politique s'entrelacent pour renforcer l'image d'un roi sanctifié par son dévouement à Dieu.
Bibliographie
Sources primaires
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GLOSSAIRE
A
Acre, Saint-Jean d' : Ville stratégique des Croisés en Terre Sainte, reconquise en 1191. Elle devint la capitale du royaume latin de Jérusalem après la chute d'Outremer.
Algérie, royaume de : Région d’Afrique du Nord impliquée indirectement dans les croisades via les échanges et conflits méditerranéens.
Amalric de Lusignan : Roi de Jérusalem durant une période de déclin du royaume chrétien en Terre Sainte.
Antienne : Chant liturgique utilisé dans les offices religieux.
Apostolat : Mission religieuse consistant à diffuser la foi chrétienne.
Arbalétrier : Soldat équipé d’une arbalète, utilisée lors des croisades et des sièges médiévaux.
Ala-ed-Din : Chef des Assassins, secte musulmane pratiquant le meurtre politique.
B
Baybars : Sultan mamelouk ayant joué un rôle majeur contre les croisades, notamment face à Louis IX.
Bataille de Mansourah : Défaite majeure des croisés en 1250 face aux Mamelouks lors de la septième croisade.
Blanche de Castille : Mère de Saint Louis et régente influente de France.
Barque : Bateau léger utilisé pour le transport des troupes durant les croisades.
C
Croisade : Expédition militaire chrétienne visant à libérer les Lieux Saints ou combattre les ennemis de l’Église.
Charles d'Anjou : Frère de Louis IX, acteur majeur des croisades en Méditerranée et dirigeant du royaume de Sicile.
Chrétiens d’Orient : Populations chrétiennes en Terre Sainte, protégées mais parfois victimes des conflits croisés.
Captifs chrétiens : Prisonniers faits par les musulmans lors des croisades, notamment durant la septième croisade.
Chroniques de Joinville : Témoignage historique de Jean de Joinville, source essentielle sur la septième croisade.
Chevalerie : Classe sociale et code moral régissant les chevaliers, piliers des croisades.
Couronne d’épines : Symbole chrétien de la souffrance du Christ, acquis par Saint Louis pour la Sainte-Chapelle.
D
Damiette : Ville égyptienne prise par Louis IX lors de la septième croisade avant d’être abandonnée après la défaite à Mansourah.
Diplomatie : Négociations et stratégies politiques menées par les croisés, notamment Saint Louis, pour atteindre leurs objectifs.
Dynastie capétienne : Lignée royale française à laquelle appartenait Saint Louis.
E
Égypte : Territoire clé dans la stratégie militaire de Louis IX, dominé par les Ayyoubides puis les Mamelouks.
Église : Institution chrétienne centrale dans l’organisation et la justification des croisades.
Enseigne de saint Denis : Étendard porté par l'armée française lors des croisades, symbole de l’autorité royale et chrétienne.
Exil : Expérience de captivité vécue par Saint Louis après sa capture par les Mamelouks.
F
Frédéric II : Empereur du Saint-Empire romain germanique ayant mené une politique pragmatique envers les musulmans.
Florin : Monnaie d'or de Florence, largement utilisée en Méditerranée au XIIIe siècle.
Franciscains : Ordre religieux prônant la pauvreté et influent dans la mémoire de Saint Louis.
Fête liturgique : Célébration religieuse instituée après la canonisation de Saint Louis.
G
Guerre Sainte : Concept religieux justifiant les croisades comme des expéditions militaires au service de Dieu.
Génois : Marins et commerçants jouant un rôle dans le transport des croisés et la gestion des finances des croisades.
Glaive : Arme blanche symbolisant la chevalerie et la justice royale, utilisée par Louis IX.
Glorification : Exaltation d’un saint dans la tradition chrétienne, comme ce fut le cas pour Saint Louis après sa canonisation.
H
Hérésie : Doctrine jugée déviante par l’Église, justifiant certaines croisades contre les Cathares.
Hospitaliers : Ordre religieux et militaire protégeant les pèlerins chrétiens en Terre Sainte.
Hagiographie : Récit de vie de saints, souvent idéalisé, utilisé pour narrer la vie de Saint Louis.
I
Indulgence : Remise de peine accordée aux croisés en échange de leur engagement militaire.
Innocent IV : Pape appelant à la croisade après la perte de Jérusalem en 1244.
Immaculée Conception : Doctrine chrétienne vénérée par Saint Louis, renforçant son image pieuse.
J
Jérusalem : Ville sainte, objectif principal des croisades chrétiennes.
Jean de Joinville : Chroniqueur et compagnon de Louis IX lors de la septième croisade.
L
Louis IX : Roi de France, initiateur des septième et huitième croisades, canonisé en 1297.
Liturgie : Rites et cérémonies religieuses dédiées à Saint Louis après sa canonisation.
M
Mamelouks : Dynastie militaire musulmane en Égypte, adversaire majeur des croisés.
Marabotin : Monnaie d’or frappée dans les territoires musulmans, en circulation en Méditerranée.
Mémoire royale : Image et héritage laissés par un roi, notamment construits à travers les liturgies et chroniques.
N
Négociations de trêve : Discussions entre croisés et musulmans pour établir des pauses dans les combats.
Nonce : Délégué diplomatique du pape impliqué dans la canonisation de Saint Louis.
O
Ordre des Templiers : Ordre militaire chrétien ayant joué un rôle clé dans la défense des territoires croisés.
Opus Dei : Œuvres de Dieu, dans lesquelles s’inscrit la dévotion à Saint Louis.
P
Pèlerinage : Voyage spirituel vers des lieux saints, souvent associé aux croisades.
Pape Urbain II : Pape ayant lancé la Première Croisade en 1095.
Prisonniers de guerre : Captifs chrétiens et musulmans durant les croisades, souvent échangés ou rachetés.
S
Syrie franque : Région correspondant aux territoires croisés en Terre Sainte.
Sarrasins : Nom donné aux musulmans par les croisés.
Sainte-Chapelle : Chapelle royale construite par Louis IX pour abriter des reliques sacrées.
T
Templiers : Ordre religieux militaire jouant un rôle clé dans la défense des territoires croisés.
Tunis : Ville cible de la huitième croisade menée par Saint Louis en 1270.
V
Vie de Saint Louis : Ouvrage de Jean de Joinville racontant la vie et les croisades de Louis IX.
ACTEURS MARQUANTS
Famille et Alliés
Louis IX (Saint Louis) : Roi de France (1226-1270), acteur central des croisades du XIIIe siècle. Il entreprend la septième et la huitième croisade pour défendre la chrétienté et restaurer l’influence chrétienne en Terre Sainte. Son règne est marqué par la justice et la piété, menant à sa canonisation en 1297.
Marguerite de Provence : Épouse de Louis IX, impliquée dans les aspects diplomatiques et spirituels des croisades.
Blanche de Castille : Mère de Louis IX et régente pendant sa minorité. Elle soutient son fils dans ses entreprises religieuses et militaires.
Charles d’Anjou : Frère de Louis IX et roi de Sicile, il joue un rôle stratégique en Méditerranée et soutient les croisades.
Alphonse de Poitiers : Frère de Louis IX, impliqué dans la gestion des territoires et l’organisation des croisades.
Philippe III le Hardi : Fils de Louis IX, il succède à son père et assure la continuité de l’autorité capétienne.
Robert d’Artois : Frère de Louis IX, impliqué dans la croisade et le siège de Damiette.
Chroniqueurs et Conseillers
Jean de Joinville : Sénéchal de Champagne, biographe et fidèle compagnon de Louis IX. Son Histoire de Saint Louis est une source essentielle sur les croisades.
Jean Sarrasin : Auteur d’une lettre décrivant le débarquement à Damiette, offrant un témoignage complémentaire à celui de Joinville.
Hugues de Digne : Franciscain ayant influencé la pensée religieuse et politique de Louis IX.
Geoffroi de Beaulieu : Confesseur de Louis IX et auteur d’une biographie utilisée pour la canonisation du roi.
Pierre de la Croix : Membre de la cour royale, il contribue à la liturgie en l’honneur de Saint Louis.
Alliés Militaires et Religieux
Les Templiers : Ordre militaire chrétien jouant un rôle essentiel dans la défense des territoires croisés.
Les Hospitaliers : Ordre religieux et militaire, impliqué dans la logistique et le soutien des croisades.
Les Cisterciens : Ordre monastique qui joue un rôle dans la mémoire liturgique de Saint Louis.
Les Franciscains : Contribuent à l’image de Louis IX comme martyr des croisades.
Ennemis
Baybars : Sultan mamelouk d’Égypte, adversaire clé de Louis IX lors de la septième croisade, notamment à la bataille de Mansourah.
Les Mamelouks : Classe militaire musulmane qui met fin aux ambitions chrétiennes en Égypte et capture Louis IX.
Le sultanat ayyoubide : Ancien régime de Saladin, dont l’influence et les tactiques restent une référence pour les musulmans.
Sarrasins : Terme générique désignant les forces musulmanes opposées aux croisés.
Les Turcs : Acteurs dans les combats contre les croisés, en particulier autour de Damiette.
Ala-ed-Din (Vieux de la Montagne) : Chef de la secte des Assassins, connu pour ses tentatives d’assassinats contre Saint Louis.
Personnalités Politiques et Religieuses
Innocent IV : Pape ayant appelé à la croisade après la perte de Jérusalem en 1244.
Boniface VIII : Pape qui canonise Saint Louis en 1297.
Frédéric II : Empereur du Saint-Empire romain germanique, perçu comme un rival politique de Louis IX en raison de ses accords avec les musulmans et de ses tensions avec la papauté.
Autres Acteurs
Les rois d’Angleterre et d’Aragon : Bien qu’ils ne participent pas directement aux croisades de Saint Louis, ils sont impliqués dans les affaires politiques et religieuses de la Méditerranée.
Les seigneurs du Midi (Albigensians) : Lutte contre les hérésies en France, influençant la politique royale et les croisades.
Les peuples d’Orient : Habitants des territoires musulmans, leur résistance contribue aux échecs militaires de Louis IX et à sa légende de martyr chrétien.
CHRONOLOGIE DES CROISADES DE SAINT LOUIS
Avant les croisades de Saint Louis
1095 : Appel à la Première Croisade par le pape Urbain II lors du concile de Clermont, marquant le début des croisades chrétiennes.
1187 : Jérusalem est prise par Saladin, mettant fin aux États latins d'Orient et déclenchant un nouveau cycle de croisades.
1204 : La Quatrième Croisade conduit au sac de Constantinople, une défaite majeure pour l’Empire byzantin.
1212 : Louis VIII, père de Louis IX, mène la croisade contre les Albigeois dans le Languedoc.
Naissance et ascension de Louis IX
1214 : Naissance de Louis IX à Poissy, fils de Louis VIII et de Blanche de Castille.
1226 : Louis IX devient roi de France à l'âge de 12 ans après la mort de son père. Sa mère, Blanche de Castille, assure la régence jusqu'à sa majorité.
Septième croisade (1248-1254)
1244 : Louis IX fait vœu de croisade après une grave maladie et prépare son expédition vers l’Égypte.
1248 : Départ officiel de Louis IX et de son armée pour la septième croisade. Ils font escale à Chypre où ils passent l’hiver avant de repartir pour l’Égypte.
5 juin 1249 : Débarquement des croisés à Damiette. Louis IX, en signe de courage et de piété, entre le premier dans l’eau pour rejoindre ses troupes.
6 juin 1249 : Prise de Damiette, permettant aux croisés d’établir une tête de pont en Égypte.
1250 : Bataille de Mansourah (8 février) où l’armée de Louis IX subit une lourde défaite contre les Mamelouks. Une épidémie frappe les croisés, aggravant la situation.
6 avril 1250 : Capture de Louis IX et de son armée par les Mamelouks.
6 mai 1250 : Libération de Louis IX après paiement d'une rançon de 400 000 livres et restitution de Damiette.
1251 : Louis IX arrive à Saint-Jean d’Acre et organise le renforcement des fortifications des places fortes chrétiennes.
Mars 1251 : Pèlerinage de Louis IX à Nazareth.
1253 : Négociation d’une trêve avec les Mamelouks pour assurer la libération de prisonniers chrétiens et stabiliser la présence franque en Terre Sainte.
6 février 1254 : Louis IX quitte la Terre Sainte pour rentrer en France, mettant fin à la septième croisade.
Entre les deux croisades
1260s : Louis IX acquiert la Couronne d’épines du Christ et la fait installer dans la Sainte-Chapelle, un édifice construit à Paris pour abriter cette précieuse relique.
Huitième croisade (1270)
Juillet 1270 : Départ de Louis IX pour la huitième croisade, visant Tunis en Afrique du Nord.
Août 1270 : Arrivée des croisés à Tunis. Une épidémie se propage dans le camp croisé.
25 août 1270 : Mort de Louis IX à Tunis, mettant un terme à la croisade. Son fils, Philippe III, prend la tête de l’armée et décide de rentrer en France en 1271.
Après la mort de Louis IX
1272-1280 : Procédures de canonisation de Louis IX initiées par le pape Grégoire X.
1297 : Louis IX est canonisé par le pape Boniface VIII, devenant officiellement Saint Louis.
1297 : Institution de la fête liturgique de Saint Louis, célébrée chaque année le 25 août.
1300 : Déclin du mouvement des croisades après l’échec des dernières tentatives chrétiennes en Terre Sainte.
XIVe siècle : Perpétuation du culte de Saint Louis à travers la liturgie et la mémoire royale.
CHIFFRES :
3 ans : Durée de l'occupation de Louis IX en Syrie (1249-1252).
5 juin 1249 : Débarquement de Louis IX à Damiette.
1er juin 1250 : Bataille de Mansourah, défaite de l'armée croisée.
4 mois : Temps de captivité de Louis IX avant sa libération.
1250 : Nombre d'hommes capturés à Mansourah.
12 000 prisonniers chrétiens : Chrétiens capturés par les Mamelouks.
50 000 hommes : Effectif de l’armée croisée de Saint Louis avant Mansourah.
400 000 livres : Rançon versée pour la libération de Saint Louis et son armée.
500 000 livres : Somme exigée initialement par les Mamelouks pour sa libération.
21 écus d'or : Monnaies retrouvées après le naufrage à Trapani en 1270.
180 000 habitants : Population estimée de Saint-Jean d'Acre à l'époque de Saint Louis.
500 cheiks : Nombre de cheiks musulmans convertis au christianisme sous l'influence de Saint Louis.
1200 livres : Montant réclamé par le sénéchal de Champagne, Joinville, pour ses chevaliers.
8 000 livres : Dépenses de Louis IX pour l'entretien de ses chevaliers durant sa captivité.
6 ans : Temps durant lequel Jean de Joinville accompagna Louis IX en Terre Sainte.
1 couronne : La couronne d'épines du Christ, acquise par Louis IX et installée à la Sainte-Chapelle.
3 croisés : Nombre de croisades entreprises par Louis IX.
1270 : Mort de Louis IX à Tunis.
1305 : Mort de Jeanne de Champagne, destinataire de la Vie de Saint Louis de Joinville.
27 ans : Temps écoulé entre la mort de Louis IX (1270) et sa canonisation en 1297.
25 août : Date de la mort de Louis IX, devenue fête liturgique.
12 ans : Âge auquel Louis IX monte sur le trône en 1226.
2 croisades majeures : Septième (1248-1250) et Huitième (1270).
3 ordres religieux : Cisterciens, Franciscains et la cour royale, qui ont célébré sa mémoire.