Le soulèvement contre le comte d'Armagnac et l'arrivée des Bourguignons à Paris
Laissez-moi vous emmener dans les ruelles sombres et tumultueuses de Paris, alors que la nuit du 29 mai 1418 se déroule dans un climat d'agitation politique et de tensions palpables. Les Parisiens, épuisés par la politique oppressive menée par le comte d'Armagnac, se soulèvent contre cette domination insupportable. Animés par un désir de changement, ils prennent une décision audacieuse : ils ouvrent les portes de la ville et invitent les Bourguignons, leurs rivaux politiques, à entrer.
Le légendaire "Jean sans Peur", chef des Bourguignons, retrouve alors son pouvoir sur la capitale. La domination du comte d'Armagnac est brutalement renversée, et Jean sans Peur reprend le contrôle sur Charles VI, le souverain affligé par la folie. Les rues de Paris vibrent désormais au rythme de nouvelles alliances et d'une autorité restaurée.
Pendant que les intrigues politiques secouent la cité, un jeune dauphin, destiné à devenir le futur Charles VII, est plongé dans une situation périlleuse. Craignant pour sa sécurité face à la fureur meurtrière du peuple parisien, il doit fuir la capitale. Bourges, une ville lointaine, devient son refuge.
Le dauphin Charles est seul, ou presque. Dans la noblesse de France, le souvenir des flèches d’Azincourt (1415) est encore vivace. Dans sa fuite, il est protégé par Tanguy du Châtel, qui plantera bientôt une hache dans la tête du duc Jean (1419).
Pour le dauphin Charles, se réfugier à Bourges est une évidence. Il est duc de Berry et de Touraine, comte de Poitou : ce sont ses terres. Côté anglais, Henri V arrive de Rouen avec des milliers de fantassins. La Loire protégera le dauphin s’il conserve les villes ponts que sont Orléans, Beaugency, Cléry et Vendôme.
Il installe donc sa cour à Chinon et à Bourges. Les chroniqueurs bourguignons le surnomment « Roi de Bourges » : on se moque de ce repli territorial, mais il est au cœur du royaume. Cela n’a rien d’un exil. La folie de son père Charles VI a déjà conduit à multiplier les délégations du pouvoir au Conseil royal, sous la tutelle de la reine Isabeau de Bavière (1403). Il prend maintenant en charge le royaume, du vivant de son père : dans ses lettres du 21 août 1419, il se proclame « Charles Filz du Roy de France, Régent le Royaume ». Ce terme a un sens très fort, défini par l’ordonnance de 1364 organisant les régences : le régent exerce effectivement la royauté dans sa dignité, par opposition à un « lieutenant du Royaume » qui ne ferait que gérer les affaires courantes.
Ainsi, dans la nuit du 29 mai 1418, Paris devient le théâtre d'un basculement politique majeur. Les portes s'ouvrent, les factions se réorganisent, et le dauphin, échappant aux dangers de la capitale, se prépare à un avenir incertain. C'est là que commence une nouvelle ère pour la France, marquée par les rivalités, les luttes pour le pouvoir et l'émergence d'un jeune prince qui deviendra l'un des souverains les plus importants de l'histoire de la nation.
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