Résumé de l'article
Les armoiries, nées au XIIᵉ siècle, constituent un langage visuel codifié destiné à identifier et distinguer les chevaliers sur les champs de bataille. Simples à l’origine, elles se limitent alors à des motifs géométriques et des couleurs symboliques, comme l’or pour la richesse ou le rouge pour la bravoure. Rapidement, elles évoluent pour devenir des outils politiques et sociaux. Elles affichent le statut, les alliances ou les revendications territoriales des grandes familles. Leur utilisation s’étend bien au-delà des affrontements militaires : elles apparaissent dans les tournois, les mariages dynastiques et les querelles de succession.
Au fil du temps, les armoiries se complexifient. Les rois de France, par exemple, adoptent les fleurs de lys pour symboliser la pureté et leur lien avec la divinité, tandis que les Plantagenêt choisissent le lion pour représenter leur courage et leur vigilance. Les armoiries deviennent ainsi un outil de propagande politique et d’affirmation de pouvoir. Règlementées par des institutions comme le College of Arms en Angleterre, elles se diffusent dans l’art, notamment dans les vitraux des cathédrales et les tapisseries, témoignant de leur rôle central dans la société médiévale. À la fois symboles identitaires et instruments de communication, elles reflètent une époque où chaque image avait le pouvoir de raconter une histoire.
L'article
Introduction
Saviez-vous que chaque détail des armoiries royales, des couleurs aux animaux représentés, portait un message politique, spirituel ou familial destiné à être reconnu au premier coup d’œil ?
Les armoiries médiévales ne sont pas de simples ornements : elles forment un langage codifié, destiné à transmettre des informations précises et stratégiques. Ce langage visuel, apparu au XIIe siècle, s’inscrit dans un contexte historique marqué par l’émergence de la chevalerie et des États dynastiques. Dans un monde où les batailles se multiplient et où la reconnaissance des alliés est essentielle, les armoiries naissent comme une réponse pratique : un signe distinctif, visible et identifiable, apposé sur les boucliers et les bannières des chevaliers.
Les origines des armoiries : un besoin d’identification
C’est dans le cadre des tournois et des champs de bataille que les armoiries trouvent leur première utilité. Les chevaliers, protégés par des armures couvrant l’ensemble de leur corps, deviennent anonymes. Pour se distinguer et éviter les erreurs fatales entre alliés, ils peignent des motifs géométriques et colorés sur leurs boucliers. Les premiers blasons, simples et fonctionnels, consistent souvent en des figures géométriques comme les pals, fasces ou chevrons, accompagnés de couleurs (émaux) ayant des significations précises : l’or symbolisant la richesse ou la noblesse, et le gueules (rouge) évoquant la bravoure.
Au fil du temps, les armoiries s’enrichissent, passant de simples motifs utilitaires à des symboles de fierté familiale et de prestige. Les dynasties, conscientes de leur pouvoir symbolique, commencent à adopter des blasons complexes qui intègrent des figures animales, des fleurs et des emblèmes mythologiques. Ainsi, les Plantagenêt utilisent le léopard comme symbole de vigilance et de courage, tandis que les Capétiens optent pour les fleurs de lys, incarnant la pureté et leur lien avec la divinité.
L’évolution des armoiries en symboles de pouvoir
Dès le XIIIe siècle, les armoiries ne se limitent plus aux champs de bataille. Elles s’imposent comme des instruments de communication politique et sociale. Les grandes familles aristocratiques rivalisent de créativité pour concevoir des blasons qui reflètent leur statut et leurs ambitions. Les alliances matrimoniales, les conquêtes territoriales et les querelles de succession se traduisent souvent par des changements dans la composition des blasons.
Un exemple célèbre est celui de la guerre de succession de Bretagne (1341-1364). Deux prétendants, Jean de Montfort et Charles de Blois, revendiquent le duché. Chacun arbore des armoiries distinctes, représentant non seulement leurs droits, mais aussi les alliances qu’ils ont conclues. Les armoiries deviennent alors un langage lisible pour les contemporains, un outil de propagande destiné à rallier des soutiens et à intimider les adversaires.
Par ailleurs, les souverains commencent à réglementer l’usage des armoiries, créant ainsi un cadre légal pour prévenir les abus et les usurpations. En Angleterre, le College of Arms est fondé au XVe siècle pour surveiller l’usage héraldique. En France, la couronne royale veille à ce que les familles n’utilisent pas de motifs susceptibles de remettre en cause son autorité, comme les fleurs de lys réservées à la maison royale.
La structure des armoiries : une codification rigoureuse
Les armoiries médiévales obéissent à des règles strictes, établies par les hérauts d’armes. Chaque blason se compose d’éléments spécifiques, organisés selon un vocabulaire précis. L’écu, élément central, est divisé en parties (quartiers, cantons, etc.), chacune pouvant porter une figure différente. Les émaux (couleurs, métaux et fourrures) sont utilisés selon des principes immuables : par exemple, le métal (or ou argent) ne doit jamais être superposé à une couleur (gueules, azur, sinople, etc.), une règle connue sous le nom de "règle de contrariété des couleurs".
Les figures héraldiques, qu’elles soient naturelles (lion, aigle, cerf), artificielles (tour, croix, épée) ou imaginaires (dragon, licorne), possèdent toutes une signification. Le lion, présent dans de nombreuses dynasties européennes, symbolise le courage et la souveraineté. L’aigle, emblème du Saint-Empire romain germanique, exprime la puissance impériale et la vigilance. Ces figures ne sont jamais choisies au hasard ; elles incarnent les valeurs ou les aspirations des lignages qu’elles représentent.
Un exemple fascinant est celui des armoiries des rois d’Aragon, qui intègrent des bandes rouges sur fond d’or. Selon la légende, ces bandes rappellent le sang du comte de Barcelone, blessé lors d’une bataille, et tracées par le roi sur son écu en guise de reconnaissance pour sa bravoure. Bien que cette anecdote soit probablement apocryphe, elle illustre l’importance de l’histoire et de la légitimité dans la composition des blasons.
Les armoiries : témoins des tensions et des alliances
Si les armoiries servent à affirmer un statut, elles deviennent également des outils dans les conflits et les alliances. Les guerres médiévales et les querelles de succession sont souvent accompagnées de modifications héraldiques. Lorsqu’une maison noble s’éteint, ses armoiries peuvent être reprises ou modifiées par une famille alliée. Ce phénomène est illustré par le cas des comtes d’Anjou, dont les armoiries — une fleur de lys brisée par un lambel rouge — signalent leur lien direct avec les rois de France, tout en affirmant une autonomie relative.
Les unions dynastiques se traduisent également par des armoiries "écartelées", combinant les motifs de deux familles. Un exemple célèbre est celui des armoiries des rois d’Espagne après le mariage des Rois Catholiques : l’écartelé intègre les châteaux de Castille, les lions de Léon, les chaînes de Navarre et les bandes d’Aragon, reflétant l’unification progressive des royaumes ibériques sous leur règne.
Un langage éternel
Les armoiries médiévales, nées d’une nécessité pratique, se sont rapidement imposées comme des symboles puissants et polyvalents. Elles incarnent l’identité des grandes dynasties, traduisent leurs ambitions politiques et deviennent un langage universel dans l’Europe médiévale. Aujourd’hui encore, ces blasons, gravés dans la pierre des cathédrales, dessinés dans les manuscrits ou sculptés sur les tombes, témoignent de la richesse culturelle et de l’histoire complexe des élites médiévales.
Origines et fonctions des armoiries médiévales
Les armoiries des grandes dynasties françaises
Les armoiries des grandes dynasties européennes
Le rôle des armoiries dans la culture médiévale
Conclusion : Héritage et intemporalité des armoiries médiévales
Bibliographie
Chapitre 1
Gheusi, P.-B. (1933). Le Blason. Paris : Calmann-Lévy. Disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr.
Pastoureau, M. (1993). Traité d’héraldique. Paris : Le Léopard d’Or.
Vulson de La Colombière, M. (1639). Recueil de plusieurs pièces et figures d'armoiries omises par les auteurs qui ont écrit jusqu'ici de cette science. Bibliothèque nationale de France. Disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr.
Le Boucq, N. (XVe-XVIe siècles). Traité de blason et recueil d'armoiries. Bibliothèque nationale de France. Disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr.
Galbreath, D. L., & Jequier, L. (1977). Manuel du blason. Lausanne : Payot.
Grodecki, L. (1961). Les vitraux du Centre et des pays de la Loire. Paris : CNRS.
Nassiet, M. (1991). Signes de parenté, signes de seigneurie : un système idéologique. Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 67, 176–232.
Ailes, A. (1990). Heraldry in Medieval England: Symbols of Politics, Society, and Identity. London: Boydell & Brewer.
Chapitre 2
Héraldique et dynasties médiévales
Dailly, J. (n.d.). Richard Cœur de Lion - Armorial du Poitou. Armorial du Poitou. Disponible sur https://armorial.cc-parthenay-gatine.fr/.
Hablot, L. (2011). La trahison au Moyen Âge : "Sens dessoubz dessus." Le blason de la trahison. In Presses Universitaires de Rennes (Ed.), 331-347. Disponible sur OpenEdition.
Hablot, L. (2011). La rumeur au Moyen Âge : Rumeurs, emblèmes et guerre civile en France à la fin du Moyen Âge. In Presses Universitaires de Rennes, 213-222. Disponible sur OpenEdition.
Hablot, L. (2007). Sous les fleurs de lis : l’utilisation des armoiries royales comme outil de gouvernement de Philippe Auguste aux derniers Capétiens directs. Dans Aurell, M. (Ed.), Convaincre et persuader : Communication et propagande aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles (pp. 615-648). Poitiers : Centre d'études supérieures de civilisation médiévale.
Pastoureau, M. (1972). Le bestiaire héraldique au Moyen Âge. Journal de l’École nationale des Chartes, 130(1), 245–278. https://doi.org/10.3406/bsnaf.1982.8766.
Pinoteau, H. (1982). La création des armes de France au XIIe siècle. Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1980-1981, 87-99. DOI : 10.3406/bsnaf.1982.8766.
Héraldique royale et usage symbolique
Pastoureau, M. (1985). Quel est le roi des animaux ?.
Lombard-Jourdan, A. (1991). Fleur de lis et oriflamme : Signes célestes du royaume de France.
Beaune, C. (1985). Naissance de la nation France.
Hablot, L. (2010). Les emblèmes animaliers au Moyen Âge. Microscoop, HS 19, 30-31. Disponible sur HAL Archives ouvertes.
Loskoutoff, Y. (2013). De l’héraldique sur de l’antique. Journal des Savants, 2013(2), 271-308. DOI : 10.3406/jds.2013.6307.
Études géographiques et régionales
Auteur inconnu. (n.d.). De gueules et d’or : Histoire et héraldique de la Corrèze. Archives départementales de la Corrèze.
Derveaux, P. (2024). Carte géographique avec blasons de la Guerre de Cent Ans. Vallis Clausa.
Études spécifiques sur Richard Cœur de Lion et les Plantagenêt
Grodecki, L. (1961). Les vitraux de la cathédrale du Mans. Dans Congrès archéologique de France, 119e session, Maine (pp. 59–99). Paris : Société française d’archéologie.
Pépin, G. (2016). Les emblèmes historiques de l’Aquitaine. Manuscrit personnel, disponible sur demande.
Dynasties royales et évolution des armoiries
De Chavagnac, O. (n.d.). L’armorial des As - Blason de Valois. Disponible sur http://dechav.free.fr.
Hablot, L. (2023). Bâtards et bâtardises dans l’Europe médiévale et moderne : L’héraldique au service de l’histoire. Presses universitaires de Rennes, 257-277.
Charles VI et les emblèmes spécifiques
La France Pittoresque. (2024). Charles VI adopte les cerfs ailés comme supports de ses armoiries. Revue des études historiques, 1930.
Héraldique générale et principes fondamentaux
Ridel, L. (n.d.). Les logos du Moyen Âge : initiation à l’héraldique. Disponible sur https://decoder-eglises-chateaux.fr.
Chapitre 3
Alaerts, L., & Guitard, E.-H. (1960). Études héraldiques : Le blason des Médicis. Revue d’histoire de la pharmacie, 48ᵉ année, n°165. https://doi.org/10.3406/pharm.1960.18269.
De Roover, R. (1963). The Medici Bank: Its Organization, Management, and Decline. New York, NY: W.W. Norton.
Hafliger, J.-A. (1951). Beiträge zur Heraldik in der Pharmazie. Basel: Schwabe Verlag.
Nassiet, M. (1994). Nom et blason : Un discours de la filiation et de l’alliance (XIVe-XVIIIe siècle). L’Homme, 34(129), 59–85. https://doi.org/10.3406/hom.1994.369618.
Palliot, S. (1660). La Vraye et Parfaite Science des Armoiries. Lyon: Antoine Besson.
Pastoureau, M. (1972). Le bestiaire héraldique au Moyen Âge. Journal de l’École nationale des Chartes, 130(1), 245–278. https://doi.org/10.3406/bsnaf.1982.8766.
Radiguet, L.-A. (1913). Oui ou non la fin du monde est-elle proche ? Paris: Plon-Nourrit.
Szancer, H. (1965). Les armoiries des Médicis : Origine prétendument médico-pharmaceutique. Revue d’histoire de la pharmacie, 53ᵉ année, n°185, 3-17. https://doi.org/10.3406/pharm.1965.18482.
Chapitre 4
Anonyme. (1501–1600). Armorial de France et traités de blason. Manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France. Gallica. https://gallica.bnf.fr/
Anonyme. (1401–1500). Armorial général, d'origine vraisemblablement lorraine, précédé de deux courts traités de blason. Manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France. Gallica. https://gallica.bnf.fr/
Bara, J. (1579). Le blason des armoiries. Bibliothèque municipale de Lyon. Gallica. https://gallica.bnf.fr/
Palliot, P. (1664). La Vraye et Parfaite Science des Armoiries. Paris : Bibliothèque nationale de France. Gallica. https://gallica.bnf.fr/
Aballéa, S. (2016). Les armoiries, création du Moyen Âge. Genève : Musée d’art et d’histoire de Genève.
Fournier, L. (n.d.). Commentaires héraldiques et artistiques avec notes sur l’histoire et la technique des blasons. Paris : Bibliothèque nationale de France.
Grodecki, L. (1961). Les vitraux de la cathédrale de Chartres. Dans Congrès archéologique de France, 119e session, Maine (pp. 59–99). Paris : Société française d'archéologie.
Ouvrages de référence :
Chassant, A., & Tausin, H. (1878–1895). Dictionnaire des devises historiques et héraldiques. Paris : Librairie historique.
Pastoureau, M. (1972). Le Bestiaire Héraldique au Moyen Âge. Journal de l’École nationale des Chartes, 130(1), 245–278. https://doi.org/10.3406/bsnaf.1982.8766.
Renesse, T. de. (1894). Dictionnaire des figures héraldiques et des emblèmes médiévaux. Bruxelles : Éditions scientifiques.
Glossaire
Aigle bicéphale
Symbole héraldique représentant un aigle avec deux têtes, utilisé notamment par le Saint-Empire romain germanique. Il incarne le pouvoir temporel et spirituel.
Alliances matrimoniales
Unions entre familles nobles, souvent symbolisées dans les armoiries par des éléments combinés ou des partitions ("quartierage"). Ces unions permettent de revendiquer des territoires ou d’affirmer des alliances politiques.
Bastardise
Termes ou marques spécifiques utilisées en héraldique pour indiquer une filiation illégitime. Cela inclut souvent une brisure dans les armoiries, comme un lambel, une barre diagonale (bande ou barre brisée) ou des couleurs alternées.
Blason
Ensemble des armoiries comprenant l’écu, le cimier, les supports et la devise. Le blason suit des règles codifiées pour représenter l’identité d’un individu, d’une famille ou d’une institution.
Brisure
Modification apportée à des armoiries existantes pour indiquer une distinction dans la filiation, comme une filiation illégitime, une branche cadette ou une différenciation familiale. Les brisures courantes incluent :
Lambel : bande horizontale avec des pendants, souvent utilisée par les héritiers présomptifs.
Barre ou bande brisée : ligne diagonale traversant l’écu, symbolisant parfois une naissance illégitime.
Couleurs alternées : variations dans les émaux pour différencier les lignées secondaires.
Ces brisures permettent d’identifier les différentes branches d’une même famille tout en respectant les règles héraldiques.
Charges
Motifs représentés sur l’écu (animaux, objets, formes géométriques). Chaque charge possède une signification spécifique. Par exemple, le lion symbolise le courage.
Chevaliers
Combattants nobles du Moyen Âge, utilisant les armoiries pour s’identifier sur le champ de bataille ou lors des tournois.
Cimier
Ornement situé au sommet du casque, souvent sculpté et peint, qui complète les armoiries et reflète des qualités ou des valeurs.
Couleurs héraldiques (Émaux)
Les couleurs utilisées en héraldique sont strictement codifiées et portent chacune une signification symbolique :
Or (jaune) : richesse, générosité, noblesse.
Argent (blanc) : pureté, sincérité, paix.
Gueules (rouge) : courage, force, bravoure.
Azur (bleu) : loyauté, vérité, persévérance.
Sinople (vert) : espoir, liberté, joie.
Sable (noir) : constance, humilité, deuil.
Pourpre (violet) : souveraineté, justice, dignité royale.
Orange (moins courant) : ambition, aspiration.
Carnation (rose ou couleur chair) : humanité, chair vivante (rare en héraldique classique).
Ces couleurs sont complétées par des motifs fourrures comme l’hermine et le vair.
Devise
Phrase ou mot associé au blason, exprimant une valeur ou une aspiration. Ex. : « Dieu et mon droit » des Plantagenêt.
Écartelé
Technique héraldique divisant l’écu en plusieurs parties, chaque section portant des éléments distincts pour représenter des alliances ou des lignées.
Écu
Élément principal des armoiries, souvent en forme de bouclier, portant les couleurs et motifs héraldiques.
Fleur de lys
Symbole emblématique de la monarchie française, représentant la pureté et la protection divine. Associé à la Vierge Marie et souvent réservé aux armoiries royales.
Héraldique
Science et art des armoiries, incluant leur création, description et interprétation. L’héraldique médiévale suit des règles strictes établies par des hérauts d’armes.
Lion passant
Motif héraldique représentant un lion marchant, souvent utilisé pour symboliser le courage et la souveraineté, notamment par les Plantagenêt.
Métaux
Catégorie d’émaux en héraldique : or (jaune) et argent (blanc). Ils symbolisent respectivement la richesse et la pureté.
Quartierage
Division d’un écu en plusieurs parties pour combiner les armoiries de différentes familles, souvent suite à une alliance matrimoniale.
Règle de contrariété des couleurs
Principe héraldique interdisant de superposer un métal à un métal ou une couleur à une couleur pour garantir la lisibilité des armoiries.
Supports
Figures (animaux ou objets) flanquant l’écu dans certaines armoiries, servant à le soutenir visuellement. Ex. : lions ou griffons.
Tourteaux
Motifs circulaires présents sur les armoiries, souvent interprétés comme des pièces de monnaie ou des boules décoratives. Ex. : les six tourteaux des Médicis.
Vitraux héraldiques
Fenêtres en verre coloré représentant des blasons, souvent dans les cathédrales. Ils témoignent de la piété et du statut des donateurs.
Iconographie
Bouclier rouge avec une croix blanche (chevalier à gauche) :
"Exemple d’armoiries simples avec une croix, souvent utilisée pour symboliser la foi chrétienne ou une affiliation religieuse (comme les croisés)."
Housse de cheval orange avec un motif géométrique (chevalier tombé) :
"Les motifs géométriques, comme les losanges ou bandes, étaient populaires pour leur lisibilité à distance."
Bouclier rouge avec des bandes blanches diagonales (chevalier à droite) :
"Armoiries utilisant des bandes diagonales, symbolisant la bravoure ou une alliance familiale spécifique."
Bannières en arrière-plan avec des blasons :
"Les blasons affichés sur les bannières reflètent l’identité des seigneurs ou des maisons nobles participant au tournoi."
Spectateurs dans la tribune :
"Les tournois médiévaux étaient autant des événements sociaux que militaires, rassemblant nobles et roturiers pour admirer les prouesses des chevaliers
Aigle noir de saint Jean (support) :
"Symbole de protection divine, utilisé pour renforcer l'autorité spirituelle et temporelle des Rois Catholiques."
Couronne royale :
"Représente la souveraineté et l'unité des couronnes d'Aragon et de Castille après leur union."
Écartelé principal (blason central) :
1er quartier (en haut à gauche) : Château doré sur fond rouge (Castille) :
"Emblème du royaume de Castille, symbole de puissance et de forteresse imprenable."
2e quartier (en haut à droite) : Lion rampant couronné sur fond argent (Léon) :
"Représente la bravoure et la royauté du royaume de Léon."
3e quartier (en bas à gauche) : Bandes rouges sur or (Aragon) :
"Motif associé au royaume d'Aragon, symbolisant son ancienneté et son importance en Espagne médiévale."
4e quartier (en bas à droite) : Aigle noir sur fond blanc (Sicile) :
"Représente les possessions italiennes des rois d'Aragon."
Granade (en pointe) :
"Le fruit de la grenade, accompagné de feuilles vertes, symbolise la conquête du royaume de Grenade en 1492, marquant la fin de la Reconquista."
Devise 'Tanto monta' (bannière en bas) :
"Traduite par 'Autant monte' ou 'L'égalité des partenaires', cette devise incarne l'équilibre entre Ferdinand et Isabelle dans leur gouvernance commune."
Symboles extérieurs (carquois et faisceau) :
"Ajoutés pour représenter les valeurs chevaleresques et la force militaire des souverains."
Écu aux fleurs de lys sur fond azur :
"Les fleurs de lys représentent la pureté, l’autorité divine et l’affiliation royale, associées à la Vierge Marie, protectrice du royaume de France."
"Le champ azur symbolise la loyauté et la vérité, des vertus fondamentales pour la monarchie capétienne."
Collier de l’ordre de Saint-Michel :
"L’ordre de Saint-Michel, fondé par Louis XI en 1469, est un ordre de chevalerie honorifique visant à renforcer la loyauté envers le roi et à promouvoir l’unité des élites françaises."
"Le pendentif représente l’archange saint Michel terrassant le dragon, allégorie de la victoire du bien sur le mal."
Supports héraldiques (cerfs ailés couronnés) :
"Les cerfs ailés, figures fantastiques et élégantes, symbolisent la noblesse et l’imaginaire chevaleresque. Les couronnes sur leur tête renforcent leur lien avec le pouvoir royal."
"Leur posture soutenant l’écu souligne leur rôle protecteur envers la monarchie."
Lambrequins bleu et rouge :
"Les lambrequins, ornements fluides entourant le casque et l’écu, évoquent les couleurs des Capétiens et ajoutent un élément décoratif représentant la richesse et la splendeur."
Devise 'Montjoie Saint-Denis !' :
"Cri de guerre et de ralliement des rois de France, faisant référence à Saint Denis, patron du royaume, et à l’étendard royal."
Lion rampant rouge (gauche) :
"Représente la force, la bravoure et la souveraineté, un motif emblématique de nombreuses dynasties européennes, dont les Plantagenêt."
"La couleur rouge (gueules) incarne le courage et le sang versé pour la défense du territoire."
Bandes ondées bleues (droite) :
"Symbolisent les trois principales rivières de la région Nouvelle-Aquitaine : la Garonne, la Dordogne et l’Adour."
"Le bleu (azur) est traditionnellement associé à la loyauté et à la justice."
Fond argenté :
"Le champ argenté (blanc) évoque la pureté et la lumière, tout en mettant en valeur les autres éléments héraldiques."
Héritage des Plantagenêt :
"L’Aquitaine était un territoire stratégique sous le règne d’Aliénor d’Aquitaine, reine des Plantagenêt, dont l’héraldique a influencé les motifs régionaux."
Aigle bicéphale noir :
"Les deux têtes symbolisent la double autorité de l’empereur : temporelle (sur les royaumes terrestres) et spirituelle (en tant que protecteur de l’Église)."
"L’aigle noir est un héritage de l’Empire byzantin, adopté par les Habsbourg pour souligner leur lien avec la tradition impériale universelle."
Fond doré (or) :
"Le fond or représente la richesse, la gloire et la lumière divine, rappelant la légitimité sacrée de l’empereur."
Anneaux rouges autour des têtes de l’aigle :
"Les cercles rouges entourant les têtes de l’aigle renforcent l’idée de perfection et de continuité du pouvoir impérial."
Couronne impériale au sommet :
"La couronne symbolise l’unité des territoires du Saint-Empire et le rôle de l’empereur comme chef suprême des royaumes germaniques."
"Elle souligne également l’aspect élu du souverain, rappelant le couronnement par le pape pour légitimer son règne."
Serres et becs rouges de l’aigle :
"Les serres et les becs rouges rappellent le pouvoir militaire et la capacité de l’empereur à défendre l’Empire et ses terres."
Écu central : Les armes de Pierre Mauclerc combinent l'échiqueté d'or et d'azur (hérité des Dreux) avec le franc-quartier d'hermine, symbole distinctif marquant son passage temporaire dans les ordres religieux.
Franc-quartier d'hermine : Positionné en haut à droite (dextre), ce symbole religieux souligne la carrière ecclésiastique avortée de Pierre.
Rôle des donateurs : Les portraits des membres de la famille de Dreux dans les lancettes entourant la rose sud traduisent leur piété et leur contribution financière à la réalisation des vitraux.
Symbolisme religieux et politique : L'intégration des armoiries dans une cathédrale reflète à la fois l'ambition des donateurs et leur volonté d'ancrer leur mémoire dans l'histoire sacrée.
Restauration du XIXe siècle : Les grisailles d'origine, représentant des hermines dans les vitraux, ont été effacées lors des travaux de l'atelier Coffetier en 1876, modifiant l'interprétation visuelle des armoiries.
Armoiries et devises de Philippe le Bon, entouré de Gédéon et de Jason (1451)
Martin le Franc, Le Champion des dames
Le Champion des dames est un long poème de plus de vingt quatre mille vers octosyllabiques divisé en cinq livres, dont le titre indique clairement la position de l’auteur dans la querelle sur les femmes qui agita les milieux littéraires français tout au long du 15e siècle et bien au-delà. Reprenant la forme du roman allégorique utilisée dans le Roman de la Rose, mais critiquant la position violemment antiféministe développée par Jean de Meun, Martin Le Franc, un clerc normand qui fit carrière au service du duc Amédée VIII de Savoie, s’y livre à une vibrante apologie des femmes, « plus que les hommes meismement / Es ars humains inventives », exaltant leur rôle dans l’histoire et dans le développement des arts, leur fidélité en amour, leur héroïsme dans la guerre, leur contribution à la paix. C’est l’occasion pour lui de développer aux livres 2 et 4, dans la lignée de Boccace et de Christine de Pizan, toute une galerie de portraits de dames s’étant illustrées depuis les temps les plus anciens jusqu’à son époque. Mais dans cette œuvre foisonnante, Martin Le Franc ne se limite pas à ce vigoureux plaidoyer du genre féminin : fustigeant les mœurs corrompues de son temps, il délivre un message politique et se montre un ardent partisan du concile de Bâle, dont il loue le rôle pacificateur et la contribution au renouveau spirituel de l’Église, défendant au passage les thèses conciliaires sur l’Immaculée Conception. L’œuvre s’achève par le triomphe de Franc Vouloir, le champion des dames, sur leurs odieux détracteurs, Malebouche et Faux Semblant.
L’auteur avait dédié son œuvre, achevée en 1442, au duc de Bourgogne Philippe le Bon, véritable arbitre de la politique européenne. Le manuscrit de dédicace, enluminé en Savoie, est conservé à Bruxelles (KBR, ms. 9466). Malgré des protections puissantes, notamment celle de la duchesse Isabelle de Portugal, dont l’auteur souligne l’intervention dans la conclusion du traité d’Arras en 1435, l’œuvre fut mal accueillie à la cour de Bourgogne, peut-être en raison de sa liberté de ton et de ses positions trop favorables à la paix. Le manuscrit présenté ici est un deuxième exemplaire qui fut remis au duc neuf ans plus tard. Il est doté d’un cycle iconographique infiniment plus riche que le précédent : outre le majestueux frontispice, au riche décor héraldique et emblématique, figurant la remise du manuscrit au duc, soixante-sept images de formats variés illustrent les péripéties du récit et les nombreuses héroïnes célébrées dans le poème. Croqués d’un trait vif, dans une technique se rapprochant du dessin colorié, ces tableautins frappent par l’originalité de leur style et par leur intelligente interprétation du texte.
Histoire de la tapisserie
Ces tapisseries représentent les cinq sens (vue, ouïe, goût, toucher et odorat) accompagnés d'une mystérieuse sixième œuvre intitulée "À mon seul désir". La symbolique de cette dernière est sujette à de nombreuses interprétations : elle pourrait représenter le renoncement aux plaisirs mondains, l'amour courtois ou encore une quête spirituelle.
Commandées dans le contexte de l'essor du commerce textile, ces œuvres illustrent également l'apogée du luxe médiéval et l'importance des mécènes dans le domaine artistique. Découvertes au XIXe siècle dans un château de la Creuse, elles sont aujourd'hui conservées au Musée de Cluny à Paris.
Annotations
Blasons aux bandes rouges et bleues : Symboles héraldiques de la famille Le Viste, les bandes (ou bandes en diagonale) symbolisent la noblesse et le prestige.
La licorne : Symbole de pureté et d’amour spirituel dans l’imaginaire médiéval, souvent associée à la dame dans l’art courtois.
Le lion : Incarnation de la force, du courage et de la protection, souvent utilisé pour représenter les vertus chevaleresques.
Décor fleuri : Évoque l'abondance, la beauté de la nature et le paradis terrestre dans l'art médiéval.
"À mon seul désir" : Cette inscription mystérieuse, présente sur la dernière tapisserie, est une invitation à une réflexion spirituelle ou à un acte de dévotion personnelle.
Les bandes rouges sur or : Appelées aussi "pales d’Aragon", elles symbolisent la noblesse et la grandeur du royaume d’Aragon.
Légende du comte de Barcelone : Selon la tradition, les bandes rouges seraient le résultat d’un acte héroïque : blessé lors d’une bataille, le comte de Barcelone aurait trempé ses doigts dans son propre sang pour tracer ces lignes sur son écu doré, marquant ainsi son courage et sa dévotion au royaume.
Cimier en forme de dragon couronné : Le dragon représente la vigilance et la protection du royaume, un symbole fréquent dans l’héraldique catalane et aragonaise.
Collier de l’Ordre de la Toison d’or : Cet ordre de chevalerie, fondé en 1430, souligne les alliances politiques et dynastiques entre les rois d’Aragon et les autres souverains européens.
Or et gueules (rouge) : Ces couleurs sont traditionnellement associées à la richesse, la puissance et le sacrifice, valeurs fondamentales du royaume d’Aragon.
Contexte historique
Les armoiries des rois d’Aragon sont devenues un symbole durable dans l’histoire héraldique européenne. Outre leur légende fondatrice, elles témoignent de l’influence et de la portée des souverains aragonais, notamment dans la péninsule ibérique et au-delà. Ces armoiries continuent d’être un emblème culturel pour la Catalogne et l’Aragon, évoquant un passé glorieux et une identité régionale forte.
Le champ d’or : Symbolise la richesse spirituelle, la foi pure et la lumière divine.
Le sautoir fleuronné d’azur : Représente la croix de Saint-André, souvent utilisée dans l’héraldique ecclésiastique. Les fleurons ajoutent une dimension décorative, symbolisant la beauté et la splendeur de la foi.
La crosse d’or : Placée en surimpression, elle rappelle la fonction pastorale de l’évêque et son rôle de guide pour la communauté chrétienne.
L’association des couleurs or et azur : Renforce l'idée de transcendance (or) et de protection céleste (bleu).
Les fleurs sur le sautoir : Symbolisent la floraison de la foi et la fertilité spirituelle des enseignements ecclésiastiques
Continuité symbolique : La comparaison met en lumière la manière dont les identités visuelles, qu'elles soient issues de la noblesse ou de la mode, utilisent des éléments graphiques simples mais puissants pour transmettre une histoire et un statut.
Héraldisme moderne : Le logo Chanel peut être interprété comme une version contemporaine de l'héraldique, véhiculant des valeurs d'élégance et d'excellence tout en incarnant un prestige accessible à une élite.
Réflexion : De la bannière royale au branding commercial, ces systèmes d'identité visuelle partagent un objectif commun : fédérer et inspirer par des symboles immédiatement reconnaissables.
Encarts
Annexe
Objectif du document : Une exploration approfondie des encarts héraldiques, mettant en lumière leur utilité dans les archives et leur rôle dans l'identité visuelle des lignées et des territoires.
Points saillants : Analyse des blasons, explications sur les symboles et les couleurs, et mise en perspective historique de leur utilisation.
Comments