Introduction
Le château de la Madeleine, situé dans la vallée de Chevreuse, est l'un des joyaux médiévaux de la région. Imposant par sa silhouette, il témoigne de l'histoire riche et mouvementée de la France depuis le XIIe siècle. Au fil des siècles, il a connu des évolutions architecturales, des conflits sanglants, des périodes de gloire et de déclin.
Dans cet article, nous vous proposons de découvrir l'histoire fascinante de ce monument emblématique, qui a su traverser les époques en gardant toute sa majesté et sa beauté.Propriété du Conseil départemental des Yvelines, le château abrite le siège du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.
Contexte historique
Au XIIe siècle, la France est dirigée par la dynastie des Capétiens, qui s'efforce de consolider le pouvoir royal et de développer l'économie du pays. La société est organisée en trois ordres : les clercs, les nobles et les paysans.
Au XIIIe siècle, le roi Louis IX (saint Louis) renforce le pouvoir royal et la justice, mais également la foi chrétienne. Le commerce se développe, notamment grâce à l'ouverture de foires et de marchés.
Au XIVe siècle, la France est touchée par plusieurs crises : la guerre de Cent Ans oppose la France à l'Angleterre, avec des phases de victoire et de défaite pour les deux camps. La peste noire fait des ravages en Europe, entraînant une baisse de la population et une crise économique. Les tensions sociales s'accentuent, avec des révoltes de paysans et de bourgeois.
En résumé, le XIIe siècle voit l'affirmation du pouvoir royal et le développement économique, le XIIIe siècle est marqué par la religion et le commerce, tandis que le XIVe siècle connaît des crises politiques, économiques et sociales.
Histoire
Ce château-fort a été édifié par une branche des seigneurs de Montlhéry-Rochefort. Les seigneurs de Chevreuse ont dédié la chapelle du château à sainte Madeleine, d'où le nom du château.
L'histoire de la seigneurie de Chevreuse commence en 1024 avec la mention d'un premier seigneur portant le nom de Milon Ier de Chevreuse dans une lettre. Ce n'est qu'en 1064 que le village de Cavrosa est officiellement cité comme seigneurie. Cependant, le terme "château" n'apparaît dans les archives qu'au tout début du XIIe siècle...
La construction a débuté entre 1030 et 1090, sur ordre de Gui Ier, seigneur de Chevreuse, dans le but de protéger la ville de Chevreuse, régulièrement pillée. De cette période, il ne reste probablement plus rien. La tour maîtresse actuelle était autrefois précédée d'une tour en bois dont les fondations ont été découvertes lors de fouilles archéologiques.
À partir de cette époque, le château se composait de trois bâtiments principaux en pierre meulière : une chapelle dédiée à Sainte Madeleine, une grande salle servant aux réceptions du seigneur (l'aula, détruite au XVe siècle) et le donjon. L'ensemble, la haute et la basse-cour du château, était probablement protégé par une enceinte en pierre. Au XIIIe siècle, les seigneurs de Chevreuse étaient des puissants de l'entourage royal, ils fortifièrent encore le château. Le tracé de la muraille fut modifié et des tours circulaires furent intégrées au nord. La basse-cour fut alors séparée de la haute cour par une douve en eau. Le châtelet d'entrée (deux tours reliées par un porche) fut probablement édifié à cette époque également.
En 1356, le château changea de mains, lorsque Ingerger le Grand, seigneur de Chevreuse et d'Amboise, fut retenu prisonnier en Angleterre pendant la guerre de Cent Ans. Pour payer sa rançon, il est contraint de vendre son domaine à Pierre de Chevreuse († 1393), qui l'a agrandi et y a apporté des modifications supplémentaires.
Pendant la guerre de Cent Ans, entre les Armagnacs qui défendent le modèle français et les Bourguignons qui défendent le modèle anglais, le château est attaqué par les Anglais et occupé pendant 20 ans, avant d'être récupéré par l'armée royale en 1438.
Aujourd'hui, le château de la Madeleine est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1948 et est la propriété du Conseil départemental des Yvelines.
Architecture
Le château de la Madeleine a connu plusieurs évolutions architecturales au cours de son histoire. Au XIe siècle, il était probablement entouré d'une palissade en bois, remplacée par des murailles de pierre au XIIe siècle. Le donjon de pierre et l'aula ont été construits durant la seconde moitié du XIIe siècle, mais il ne reste aucun vestige de ce dernier.
Un siècle plus tard, d'importantes modifications furent apportées au château sous le règne d’Anseau de Chevreuse, avec notamment la construction de mâchicoulis. La porte était protégée par des douves, où l'eau était retenue par une digue et servait sans doute aux usages domestiques. Des ponts-levis permettaient la circulation des véhicules et des piétons.
Le château de la Madeleine a connu plusieurs périodes de travaux qui ont modifié ses fortifications au fil du temps. Au XIe siècle, il n'était protégé que par une palissade en bois. Ce n'est qu'au XIIe siècle que des murs en pierre ont été érigés, accompagnés d'un donjon. Au XIIIe siècle, Anseau de Chevreuse a effectué d'importantes modifications, dont la construction de mâchicoulis et de douves. En 1356, le château a changé de mains à la suite d'une vente forcée due à la guerre de Cent Ans. Il a été racheté par Pierre de Chevreuse, qui l'a agrandi.
Au XVe siècle, les fortifications ont été grandement améliorées grâce aux financements de Charles V et de Charles VI, et les travaux ont été achevés sous Louis XI. La ville de Chevreuse était également fortifiée avec un rempart crénelé et un fossé. En 1612, la baronnie de Chevreuse est élevée en duché-pairie.
Au XVIIe siècle, Jean Racine a supervisé des modifications du donjon, et une rue a été baptisée de son nom. Une autre rue qui mène au château s'appelle aujourd'hui « Chemin de la butte des vignes », en raison des vignes qui couvraient le coteau exposé au sud, sous le château, jusqu'au XIXe siècle, date à laquelle le phylloxera a ravagé les vignobles.
Les dernières modifications du château datent du XXe siècle. Au centre de la forteresse, la maison du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse a été construite avec une architecture moderne qui s'intègre dans la cour intérieure tout en utilisant des salles anciennes grâce à l'utilisation de la meulière.
Le château est composé d'une enceinte construite postérieurement au donjon et complétée au XIVe siècle. Cette enceinte mesure 70 mètres sur son grand axe perpendiculairement à la ligne de crête, et 50 mètres en largeur. Elle entoure complètement la tour maîtresse et est précédée côté plateau par un fossé important qui s'étend vers la vallée à l'est et à l'ouest par un ravin naturel. Il est à noter que le bourg avait sa propre enceinte, mais il ne reste plus rien de celle-ci.
Les vestiges intacts visibles dans la haute-cour sont les suivants : une enceinte complète avec deux tours carrées à l'est, faisant face au village ; la porte principale entourée de deux tours, dont le fronton en pierre s'est écroulé et a été remplacé par un linteau en bois ; deux tours rondes, dont l'une est semi-circulaire et l'autre surmontée d'une tourelle de guet ; un donjon à contreforts plats, dont il reste de petites fenêtres ou ouvertures datant du XIe siècle, et sur l'autre façade, des fenêtres du XIVe ou du XVe siècle ; un puits datant du XVe siècle et des mâchicoulis au sommet des remparts.
Restauration
Au cours des siècles suivants, le château est petit à petit abandonné ou peu entretenu par les propriétaires successifs, et face à l'ampleur des travaux à effectuer, aucun travaux d'envergure ne sont entrepris jusqu'à son rachat par le département des Yvelines.
Afin de préserver et de rénover ce lieu remarquable, d'importants travaux de restauration ont été entrepris à partir de 1985.
Depuis 1989, la haute cour du château abrite subtilement la Maison du Parc Naturel Régional de la Haute-vallée de Chevreuse, intégrée à la muraille.
Les différentes campagnes de sondages et de fouilles archéologiques menées à partir de 1979 par le Service archéologique départemental des Yvelines (SADY) ont permis de découvrir de nombreux vestiges et ont contribué à une nouvelle datation du donjon.
Fouilles archéologiques
Depuis son acquisition, le château a fait l'objet de plusieurs campagnes de sondages et de fouilles archéologiques menées par différents archéologues des Yvelines, notamment P.-J. Trombetta et B. Dufaÿ, entre 1979 et 2010.
Les premières opérations, menées avec l'aide de bénévoles et d'étudiants, se sont concentrées dans la partie sud de la haute cour, autour du donjon, ainsi qu'au niveau du châtelet d'entrée.
Ensuite, entre 1989 et 1994, les fouilles se sont déplacées vers le nord de la haute cour, révélant des vestiges d'un bâtiment du XIIe siècle, l'aula. Elles ont également mis en évidence les différentes phases de construction de l'enceinte ainsi que les traces des tours circulaires du XIIIe siècle.
En 2010, des sondages à l'intérieur du donjon ont permis de préciser la datation du château et de situer la construction du donjon à la fin du XIIe siècle. La découverte de massifs de contreforts intérieurs a confirmé l'emplacement d'anciennes cloisons. De plus, la découverte d'un squelette de chien suggère le rôle de cet animal dans la construction, en transportant des pierres ou en aidant aux travaux agricoles.
Des aménagements de confort, tels que les latrines et les cheminées, ainsi que le grand nombre d'objets découverts, témoignent d'un château bien habité et d'une activité importante à cette période.
Des équipements de base mis à la disposition des habitants en échange de taxes versées au seigneur (four, pressoir et moulin).
Le mobilier retrouvé est conservé à Montigny-le-Bretonneux, il permet d'illustrer la vie quotidienne au sein d'un château fort qui a été progressivement transformé en résidence.
On y trouve notamment l'un des plus importants ensembles de céramiques du second Moyen Âge en Île-de-France, qui nous renseigne sur les pratiques culinaires médiévales.
De nombreux récipients en verre ont également été découverts, certains ayant une forme très élégante, ce qui témoigne de la venue du seigneur et de sa cour au château lors de réceptions.
En outre, des éperons, un étrier, un fer à cheval et un rarissime pommeau de selle permettent d'en apprendre davantage sur l'équipement des cavaliers présents à cette époque
En réalité, un château est avant tout un symbole du pouvoir du seigneur et le lieu de résidence d'une garnison. Ses occupants ont donc besoin de se divertir et de passer le temps, comme en témoignent la guimbarde et le dé à jouer retrouvés lors des fouilles archéologiques.
Pendant la guerre de Cent Ans, entre les Armagnacs qui défendent le modèle français et les Bourguignons qui défendent le modèle anglais, le château est attaqué par les Anglais et occupé pendant 20 ans, avant d'être récupéré par l'armée royale en 1438.
Des carreaux d'arbalète, des pointes de flèche et des boulets de canon vestiges de la guerre de cents ans ont tout de même été découverts dans la cour du château .
Au cours des siècles suivants, le château est petit à petit abandonné ou peu entretenu par les propriétaires successifs, et face à l'ampleur des travaux à effectuer, aucun travaux d'envergure ne sont entrepris jusqu'à son rachat par le département des Yvelines.
Visites et événements
Le château a préservé une grande partie de sa structure médiévale, avec son donjon datant du XIIe siècle, réaménagé au fil des ans, et son enceinte pourvue de tours des XIVe et XVe siècles.
La haute cour du château est accessible gratuitement, ainsi que le rez-de-chaussée de la tour des Gardes et les caves situées sous la Maison du Parc. Il est également possible d'avoir une très belle vue sur la vallée en montant sur la courtine du rempart sud.
Conclusion
En conclusion, le Château de la Madeleine est un lieu chargé d'histoire, témoin des grands événements qui ont marqué la France médiévale et moderne.
Depuis sa construction au XIIe siècle jusqu'à son rachat par le département des Yvelines au XXe siècle, le château a connu de nombreux propriétaires et a été le théâtre de nombreux événements.
Aujourd'hui, il est ouvert au public et offre une occasion unique de découvrir l'histoire et l'architecture médiévales dans un cadre exceptionnel. Que vous soyez amateur d'histoire, d'architecture ou simplement en quête de calme et de nature, le Château de la Madeleine ne manquera pas de vous séduire.
Pour aller plus loin, un ouvrage édité par le Département-Service archéologique des Yvelines "Le château de Chevreuse, de l’an mil à nos jours" est disponible à l’achat. Il présente le patrimoine exceptionnel que constitue ce château et les grandes étapes de son histoire, établies grâce aux documents d’archives et aux opérations archéologiques.
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