La vie et les réalisations de Frédéric-Alphonse Musculus
Frédéric-Alphonse Musculus, un chimiste dont la vie et les réalisations ont marqué son époque.
Frédéric-Alphonse Musculus est né le 16 juillet 1828 à Soultz-sous-Forêts, en Alsace. Il provenait d'une famille de pharmaciens et a lui-même embrassé cette profession. Cependant, il ne se contentait pas de servir derrière un comptoir. Son père, comprenant ses aspirations, a accepté de le laisser poursuivre des études de pharmacie militaire, qu'il a brillamment achevées au Val-de-Grâce en 1855.
Après avoir été envoyé en Algérie en tant que pharmacien aide-major de 2e classe, Musculus participa à la campagne d'Italie en 1859, où il obtint le grade d'aide-major de 1re classe. Il a ensuite été muté plusieurs fois en Corse et en France avant d'être nommé pharmacien-major de 2e classe en 1866.
Pendant son séjour à Vincennes, Musculus fréquentait le laboratoire de Jean-Baptiste Boussingault, qui voyait en lui un grand potentiel scientifique. C'est à cette période de sa vie qu'il inventa un alcoolomètre basé sur la capillarité et commença ses expériences sur l'amidon.
Contributions scientifiques de Musculus
Musculus fut envoyé une nouvelle fois en Algérie, mais cette fois-ci, il eut du mal à supporter le climat. Malgré sa bonne constitution et les soins qu'il pouvait se donner, il aborda l'année terrible de 1870 dans de mauvaises conditions. Il arriva en Alsace avec l'armée de Mac-Mahon juste à temps pour prendre en charge l'ambulance de la 4e division après la bataille de Froeschwiller. Il fut ensuite dirigé vers l'armée qui allait être encerclée à Sedan, puis fut attaché à l'armée de Chanzy. Au Mans, le 14 décembre 1870, il devint chef de l'ambulance de la 1re division. Pour ses services pendant la guerre, il fut décoré le 3 juin 1871.
Fatigué des déplacements que lui imposait son métier, Musculus démissionna à la mort de son père et prit sa succession en 1872. Il retrouva ainsi la tranquillité tant souhaitée en Alsace et se mariera. En plus de ses responsabilités de pharmacien en chef de l'hôpital de Strasbourg, Musculus continua ses expériences scientifiques.
Sous son impulsion, l'officine devint un petit centre scientifique. En 1874, il publia son premier mémoire sur la décomposition de l'urée, intitulé modestement "Papier réactif de l'urée". Cette découverte revêtait une grande importance à une époque où la doctrine des diastases était remise en question par les travaux de Pasteur sur les fermentations. Les expériences de Musculus attirèrent l'attention sur le mode d'action des microbes, ce qui contribua à une évolution dans la doctrine microbienne.
En 1875, Musculus publia un autre travail sur l'urine en collaboration avec De Mering. Ils étudièrent le mode d'élimination du chloral ingéré dans l'organisme et démontrèrent qu'une partie de celui-ci se retrouvait dans l'urée sous forme d'une combinaison glucosée appelée acide urochloralique. Cette découverte modifia les idées sur l'action du chloral et suscita de nouvelles recherches sur l'élimination de substances organiques ingérées.
Parallèlement à ces travaux, Musculus mena des recherches sur l'amidon soluble et la saccharification de l'amidon par les acides et la diastase. Il étudia les transformations de l'amidon par la salive, la diastase et le ferment pancréatique. Musculus s'intéressa également à la fabrication de la bière et fut conseiller de la brasserie de Gruber à Koenigshofen.
La fin de vie de Frédéric-Alphonse Musculus
Malgré son emploi du temps chargé en tant que pharmacien des hospices, inspecteur des pharmacies, examinateur des pharmaciens à l'Université de Strasbourg, président de la Société des sciences, agriculture et arts de la Basse-Alsace, et membre du conseil d'hygiène de la ville de Strasbourg, Musculus continua à mener ses recherches. Cependant, sa santé commença à se détériorer à cause d'une vie sédentaire qui suivait les fatigues de sa vie militaire.
Frédéric-Alphonse Musculus mourut le 26 mai 1888, laissant derrière lui une carrière remarquable en tant que pharmacien de l'hôpital civil. Sa disparition fut une perte pour l'Alsace, car il était l'un des rares hommes à lui être restés fidèles. Musculus avait préféré occuper une position modeste dans sa province plutôt que d'atteindre un grade élevé dans sa carrière militaire. Son amour pour ses enfants, le dévouement de sa femme, l'affection touchante de ses amis et le respect du public furent les consolations de ses derniers jours.
Comments